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La découverte d'un bois de cerf est chose assez rare pour que les exclamations aient fusé lorsque le bois fut trouvé, à quelques mètres du chemin, bien en évidence sur l'herbe du verger. Cette magnifique ramure à 6 pointes, révélant l'existence d'un grand dix cors dans notre environnement, a provoqué tellement de questions et même d'incrédulité qu'il nous a paru naturel de faire un petit point sur ces bois et les têtes qui les portent la majeure partie de l'année.
Tout d'abord les cervidés seuls - cerfs, chevreuils, daims - perdent leurs bois chaque année. Les mâles portent ces ramures qui sont en fait constituées d'os. Voyons comment cela se passe. Sur la tête du jeune faon de 6 mois commencent à apparaître deux bosses qui se transforment au cours de l'hiver en deux tiges toujours recouvertes de peau et de poils. Elles deviendront les socles - pivots - sur lesquels les bois proprement dits commenceront à pousser dès le mois d'avril. Les bourgeons recouverts d'une peau velue, ou velours, poussent rapidement, les bois se durcissent en s'ossifiant et atteignent 40 cm au bout de 3 mois. En juillet, on est donc en présence d'un "daguet" muni de ses deux dagues sans ramification. La peau qui a séché tombe en lambeaux. Le cerf la détache en se frottant contre des branches ou de jeunes troncs. On dit qu'il "fraye". Cette peau est en général consommée par l'animal lui-même. L'os qui était blanc à l'origine va se colorer sous diverses influences et seules les extrémités vont rester très claires. Le jeune cerf a donc sa "première tête". Les bois - du même diamètre que les pivots - présentent des perlures et de minces sillons, les gouttières qui sont les traces des vaisseaux sanguins. Dès février /mars de l'année suivante, l'animal semble gêné par ses bois, il se secoue, les cogne plus ou moins violemment contre des branches ou de jeunes troncs, jusqu'à ce qu'ils se détachent. Les deux bois tombent, pas toujours en même temps. Pour en arriver là, les tissus tout autour des pivots se sont décalcifiés et sont donc moins solides, permettant ainsi la chute des bois. Après la cicatrisation de la plaie, un bourrelet - la meule ou couronne - se forme qui prendra de plus en plus d'importance avec l'avancée en âge de l'animal - c'est d'ailleurs un bon moyen de l'estimer. Le cerf commence dès lors à "pousser sa deuxième tête". Le merrain croît au-dessus de la meule et portera un, puis plus tard, plusieurs andouillers. Le diamètre du merrain va augmenter avec l'âge à mesure que la hauteur des pivots va diminuer. Le nombre de pointes va se stabiliser - le grand dix cors porte 6 pointes par bois - celui que nous avons trouvé pesait 3 Kg, qu'il faut doubler et imaginer se trimbaler avec un tel ornement de poids sur la tête! Les cerfs plus âgés ont des bois moins ramifiés perdant les andouillers inférieurs mais gardant néanmoins des bois imposants. Et chaque année, durant la vingtaine d'années qui constitue la durée de vie ordinaire d'un cerf, si on lui en laisse la possibilité, il perdra ses bois et recommencera presque aussitôt à en fabriquer de nouveaux.
Trouver des bois de cerf ou de chevreuil est chose assez rare parce qu'ils constituent un mets de choix pour les renards et bon nombre de petits rongeurs.
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