Le
Gypaète barbu
Le
Gypaète barbu niche dans les cavités de hautes falaises, sur des
corniches protégées par un surplomb des intempéries. Un couple a
souvent plusieurs aires de nidification. Leur nid se compose de
branchages et de débris, et l'intérieur est garni de plumes, d'herbes
sèches, d'os, de sabots, de laine et de poils d'origine animale...
Les couples ont du mal à se former, mais c'est pour la vie !
La
femelle va pondre 2 œufs entre décembre et février, mais seul un
poussin sera élevé comme chez les grands aigles.
En effet, les deux œufs sont pondus à 3 ou 5
jours d'intervalle. L'aîné, plus fort, va s'accaparer toute la
nourriture, si bien que le plus jeune ne pourra pas grandir, et sera jeté
hors du nid par son frère, ou pire encore, si l'aîné a un petit
creux, il n'hésitera pas à dévorer son petit frère, c'est le "caïnisme".
Vous allez me dire : pourquoi pondre 2 œufs alors ? C'est au cas où le
premier n'arriverait pas à éclosion ou bien le deuxième œuf sert de
réserve alimentaire au poussin.
Les deux parents vont se partager l'incubation pendant 53 à 60 jours.
Le poussin cassera seul sa coquille pendant 24 heures environ. Les
parents vont nourrir le poussin d'aliments apportés ou régurgités
pendant 107 à 111 jours. A cette période les parents n'ont aucun mal
à nourrir le poussin, la fonte des neiges faisant apparaître des
cadavres d'animaux morts pendant l'hiver. Les parents doivent se relayer
sans cesse pendant les 2 premiers mois pour réchauffer le poussin qui
n'a pas encore de régulation thermique. Ils le nourrissent 10 fois par
jour.
A l'âge de 4 mois, le jeune s'envole pour la première fois, puis il
apprend à se nourrir seul. Lorsque à l'automne, ses parents lui feront
comprendre qu'il n'est plus le bienvenu sur l'aire, il partira.
En moyenne, un couple donne naissance à un poussin tous les 2 ans.
Le jeune part à la recherche de son propre territoire. Il va
errer dans les montagnes d'Europe, les surfaces moyennes sont d'environ
4000 m2 dans les Pyrénées et 10000 m2
dans les Alpes. Il s'aventure rarement hors des zones montagneuses, mais
ça peut arriver.
Vers 3 à 5 ans, il recherche son aire de repos (protégées des intrus
et des intempéries), ce choix se fera en fonction de la tranquillité
du lieu, et d'une nourriture suffisante.
Certains Gypaètes reviennent là où ils sont nés, c'est la
philopatrie.
Le
Gypaète barbu avait complètement disparu des Alpes. Au début du XXème
siècle, il ne restait que quelques individus isolés.
Aussi, lorsque au zoo d'Innsbruck (Autriche), un couple de Gypaètes
s'est formé et surtout s'est reproduit, un programme de réintroduction
a été entrepris.
La femelle effectuant une ponte de remplacement lorsque les œufs
disparaissent au début de l'incubation, les vrais œufs ont été placés
dans des incubateurs, pendant que plusieurs parents couvaient des œufs
en plâtre dans plusieurs sites en Europe.
Les poussins ont été nourris pendant une semaine par l'homme, car
c'est dans cette période qu'il est le plus vulnérable. Mais pour ne
pas habituer les poussins à l'homme, ils ont été replacés dans des
nids et confiés à des parents adoptifs. C'est un moment délicat car
le poussin peut être rejeté.
Mais les rapaces sont incapables de reconnaître leur propre progéniture.
Ils prennent soin des poussins qui se tiennent dans leur aire "sans
se poser de questions", c'est une des clé de la réussite de tous
les programmes de réintroduction.
A l'âge de 3 mois, les jeunes, capables de se nourrir seuls, ont été
libérés sur une aire de nidification dans les Alpes après avoir été
marqués (décoloration des rectrices ou des rémiges primaires ou
secondaires).
Approvisionnés pendant la nuit, les jeunes devaient s'habituer à leur
nouvel environnement avant de prendre leur envol.
A l'âge de 117 à 126 jours, ils quittèrent le nid un à un. A 6 mois
ils cherchaient eux-mêmes leur nourriture.
Depuis 1986, 95 Gypaètes ont été réintroduit dans les Alpes françaises
et italiennes, en Autriche et en Haute-Savoie, 18 d'entre eux sont morts
ou ont disparût.
Il y a en plus 25 couples de gypaètes dans les Pyrénées françaises,
et 5 en Corse.