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Je me fais un plaisir de retranscrire
ci-dessous ce mail reçu le 6 décembre 2002 :
"je suis heureuse de pouvoir vous donner les
paroles d'une chanson que je
chantais lorsque j'étais enfant et qui me plaisait beaucoup" :
Les crapauds
La nuit est limpide,
L'étang est sans rides,
Dans le ciel splendide
Luit le croissant d'or.
Orme, chêne ou tremble,
Nul arbre ne tremble,
Au loin le bois semble,
Un géant qui dort.
Chien ni loup ne quitte,
Sa niche ou son gîte,
Aucun bruit n'agite
La terre au repos.
Alors dans la vase
Ouvrant en extase
Leurs yeux de topaze
Chantent les crapauds.
Ils disent : Nous sommes
Haïs par les hommes,
Nous troublons leurs sommes
De nos tristes chants.
Pour nous point de fêtes,
Dieu seul sur nos têtes,
Sais qu'il nous fit bêtes
Et non point méchants.
Notre peau terreuse
Se gonfle et se creuse
D'une bave affreuse,
Nos flancs sont lavés
Et l'enfant qui passe
Loin de nous s'efface,
Et pâle nous chasse
A coup de pavés.
Des saisons entières
Dans les fondrières,
Un trou sous les pierres,
Est notre réduit.
Le serpent en boule
Près de nous s'y roule.
Quand il pleut, en foule
Nous sortons la nuit,
Et dans les salades,
Faisant des gambades,
Pesants camarades,
Nous allons manger,
Manger sans grimace,
Cloporte ou limace
Ou ver qu'on ramasse
Dans le potager.
Nous aimons la mare
Qu'un reflet chamarre,
Où dort à l'amarre,
Un canot pourri,
Dans l'eau qu'elle souille,
Sa chaîne se rouille,
La verte grenouille
Y cherche un abri,
Là, la source épanche
Son écume blanche,
Un vieux saule penche,
Au milieu des joncs.
Et les libellules
Aux ailes de tulle
Font crever des bulles
Au nez des goujons.
Quand la lune plaque
Comme un vernis laque
Sur la calme flaque
Des marais blafards.
Alors symbolique
Et mélancolique,
Notre lent cantique
Sort des nénuphars.
Orme, chêne, ou tremble,
Nul arbre ne tremble
Au loin le bois semble
Un géant qui dort
La nuit est limpide,
L'étang est sans ride,
Dans le ciel splendide
Luit le croissant d'or
Transmis par email par Philippe Meyer le 6 décembre 2002