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Un conte qui décoiffe !
Zazar est un nuage en apparence normal, sauf que, quand il se pose quelque part,
il rase tout ce qu’il trouve.
Il tond ainsi des montagnes… mais aussi des crânes !
Zazar, le nuage rasoir
dessin conte pour enfants
Il était une fois, dans le ciel, Zazar, un nuage blanc qui avait une
particularité étonnante. Sa mousse blanche adorait se déposer sur de grandes
surfaces poilues, et, ensuite, des milliers de petits rasoirs cachés au centre
du nuage passaient à l’action pour raser de près l’aire en question.
Un jour, alors que les nuages volaient haut dans le ciel, ils aperçurent au loin
les premières montagnes de la chaîne alpine. L’un des sommets, le mont Arboré,
avait une jolie pointe, toute en arrondi, recouverte de beaux arbres élancés.
Zazar ne put résister. Une aussi belle barbiche à l’envers, c’était trop
tentant.
Le nuage rasoir entama une descente vers le pic, qu’il recouvrit d’une épaisse
mousse blanche. Le mont ne s’en inquiéta pas, habitué aux séjours des nuages sur
sa pointe.
Le soleil se couchant, il s’endormit tranquillement, en attendant le lendemain.
Mais, dans la nuit, il se passa de drôles de choses. Les milliers de petits
rasoirs s’activèrent pour couper tous les arbres qui tapissaient le sommet.
Ceux-ci tombaient, les uns après les autres.
Bientôt, plus aucun arbre n’était dressé sur le cône. Le travail avait été bien
fait : le pic était, sur sa hauteur, complètement dégarni. Zazar fit ensuite un
nouveau passage de mousse blanche pour nettoyer tous les résidus.
Cette fois, c’était bien propre, un sommet lisse et net. Parfait ! Zazar put
remonter vers le ciel, satisfait de son travail bien fait.
Le lendemain, quand le mont Arboré se réveilla et qu’il découvrit les dégâts, il
crut qu’il était encore en plein cauchemar. Mais où étaient passés ses beaux
arbres, sa forêt dense aux mille sentiers ?
Ca alors ! Il se sentait tout nu avec son pic tout lisse ! Quelle honte ! Il
n’osait plus se montrer et se recroquevillait du plus qu’il pouvait.
Mais, c’était un sommet et sa marge de rétrécissement était limitée… Le voilà
transformé, à cause de ce vilain nuage, en mont Chauve ! Sacré Zazar !
Une autre fois, les nuages voyageurs arrivèrent au-dessus d’une foule rassemblée
autour d’un prédicateur, qui l’haranguait du haut d’une scène :
-« Je vous prédis la fin du monde pour le 28 juillet 2006… Craignez, malheureux
humains, qui ne respecteraient pas les règles de Vaudor ! »
Zazar, intéressé, voulut écouter la suite. Après tout, la fin du monde, ça le
concernait aussi ! Alors, il descendit pour mieux entendre ce que le gourou
disait.
-« Vaudor exige que vous lui consacriez tout votre temps… »
-« Vaudor exige que vous lui donniez tous vos biens : vêtements, maisons, vos
sous… et vos femmes ! »
-« Vaudor exige que vous partiez à la recherche de nouveaux convertis. Vous les
sauverez, eux aussi, de la fin du monde… »
Zazar, dubitatif, soupira :
- « Bof, encore un hurluberlu… »
Mais son soupir le fit descendre un peu plus bas. Si bien qu’il se retrouva
accidentellement sur le sommet du crâne du prédicateur. Aussitôt, mécaniquement,
la mousse se déposa. Puis, les rasoirs se mirent au travail.
En un rien de temps, le crâne du gourou se trouva dégarni, lisse comme une
coquille d’œuf. Seuls restaient, à partir des oreilles, de longs cheveux, à la
mode des oreilles pendantes de cocker…
Cet incident lui coupa tout son effet. Il avait désormais l’allure d’un vrai
clown.
La foule, le découvrant ainsi coiffé, émit d’abord quelques gloussements de
rires étouffés.
Puis, comme il gesticulait davantage pour tenter de semer à nouveau la peur,
l’effet comique en fut amplifié, et le monde présent partit en grands éclats de
rires.
Il était vraiment trop drôle ce clown ! Celui-ci continuait :
-« Halte-là ! Vaudor exige que vous ne riiez plus ! » disait-il, menaçant, le
doigt pointé vers eux.
Mais, rien ne semblait plus pouvoir arrêter les hoquets de rires, qui se
communiquaient, même chez les plus craintifs, et les plus convaincus, qui
pleuraient de rires face aux nouvelles sombres annoncées.
Non, vraiment, tout ça ne leur paraissait plus sérieux ! Ils avaient mieux à
faire qu’à écouter ce pantin ridicule…
En remontant dans le ciel, Zazar riait aussi. Raser les crânes, c’était
finalement pas mal non plus, même si le travail était vite fait, vu le peu de
surface à tondre !
Zazar poursuivit sa route, guidé par le vent des airs.
Peut-être aurez-vous l’occasion de rencontrer des paysages touchés par le nuage
rasoir ? Des montagnes pelées au sommet… Ou bien, des messieurs à la tonsure !
Créé le 12 août 2006 par Valérie Bonenfant
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