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L’histoire d’une sauterelle
championne…
Rien à dire, Sanitroppe la sauterelle saute loin, même très loin !
Elle a même battu son record de saut en longueur, aux côtés d’un vrai athlète
reconnu !
Mais, personne ne veut la croire…
Sanitroppe la sauterelle
dessin conte pour enfants
Sanitroppe adorait, comme toutes les sauterelles, sauter sur de longues
distances. Elle s’amusait, toute seule, à battre ses propres records, en
mesurant à chaque fois, les longueurs d’herbe gagnées par rapport aux essais
précédents.
Maintenant, elle parvenait à atteindre 10 longueurs de tiges d’herbes hautes,
mises bout à bout, du jamais vu chez les sauterelles.
-« Pffft, à quoi ça sert, ces grands bonds ! Juste à satisfaire son ego… Quelle
vaniteuse, cette Sanitroppe ! »
-« Vous avez vu les cuisses musclées que ça lui fait ? C’est gros et très laid…
Beurk, dégoûtant ! »
-« Puis, à sauter comme ça, à tort et à travers, elle atterrit n’importe où et
saccage des plants de récolte. Il faudrait sévir à son encontre… »
Bref, les sauts de Sanitroppe ne satisfaisaient pas tout le monde. Au contraire,
ils donnaient de la matière aux grincheux.
Mais Sanitroppe n’avait que faire de ces remarques désobligeantes. Seuls ses
progrès l’intéressaient. Un jour, elle atterrit par hasard sur un stade où
s’entraînaient de nombreux athlètes. Fichtre ! Elle n’aimait pas habituellement
la proximité des hommes, qu’elle jugeait dangereuse pour les êtres de son
espèce.
Mais, curieuse, elle resta malgré tout, quelques instants à les observer. Dans
ce coin, il y en avait qui lançaient des flèches. Bigre ! Celle-ci ne lui était
pas passée loin. Sanitroppe s’écarta prudemment.
Elle était maintenant près de la piste où couraient des sportifs lancés à vive
allure. Waouh ! Ça décoiffait ! La sauterelle s’essaya par jeu à les suivre, en
faisant des bonds.
Mais elle dut bien reconnaître qu’elle était semée… Ils allaient trop vite pour
elle.
Elle arriva alors près d’un bac à sable qu’elle supposa destiné aux jeunes
enfants.
-« Tiens tiens » se dit-elle, « où sont les pâtés ? Et les châteaux. Bah, les
petits doivent être coincés à l’école, c’est pour cela qu’il n’y a rien… »
Mais, juste à l’instant où elle s’apprêtait à regagner ses quartiers, elle eut
la surprise d’entendre un gros POUF et de voir le sable gicler ! Un sauteur
venait de tomber…
-« Mais que fait-il, celui-là ? » s’interrogea-t-elle.
Quelques instants plus tard, un autre athlète chuta à son tour, dans le sable.
Sanitroppe s’installa plus confortablement et regarda l’épreuve. C’était du saut
en longueur, voilà qui l’intéressait ! Le sauteur s’élança en courant très vite.
Puis, arrivé sur la planche d’appel, il se propulsait le plus loin possible.
Trop cool ! Quel beau spectacle !
Le meilleur athlète était celui avec le dossard rouge. Il avait bondi à peu près
comme elle, à 10 tiges d’herbes longues.
C’était trop tentant. Quand il se présenta pour un deuxième essai, Sanitroppe
voulut se mesurer à lui. Elle se plaça directement sur la planche d’appel, et
attendit qu’il arriva. Quand il se pointa, à fond les ballons, Sanitroppe était
prête.
Tous deux s’élancèrent en même temps dans les airs. On ne sait qui galvanisa
l’un l’autre, mais quel saut, mes aïeux ! Ils retombèrent, loin du point de
départ, à plus de 10 tiges du tremplin. Fabuleux ! Record battu ! Pour l’un et
pour l’autre !
Chacun sautait de joie, à qui mieux mieux ! C’était génial ! Sanitroppe
découvrit le bonheur de l’athlète vainqueur, qui s’est dépassé… Elle rentra chez
elle, plus heureuse que jamais.
Elle raconta à ses amis son record battu, à plus de 10 tiges d’herbes. Certains
lui demandèrent, incrédules, de leur montrer ce que cela donnait.
Sanitroppe se concentra, s’élança une première fois : 9 tiges seulement, zut,
elle avait raté ! Une autre fois, 9 tiges et demi : mince alors, que lui
arrivait-il ? Ses multiples tentatives ne l’amenèrent pas plus loin que 10
tiges.
Et pourtant, elle n’avait pas rêvé, elle l’avait bel et bien fait. Impossible de
convaincre ses pairs de son exploit… Elle s’entraîna encore le lendemain, mais
ne parvint toujours pas à réitérer son saut prodigieux. Plus personne ne la
croyait.
Les mauvaises langues se délectaient :
-« Plus de 10 tiges ! Des blagues, oui ! Elle se prend pour qui, cette
prétentieuse ! »
-« Non seulement elle est vilaine, mais en plus, c’est une menteuse ! »
-« Elle nous fait perdre notre temps avec ses vantardises… Laissons-là à ses
fantasmes ! »
Mais Sanitroppe put témoigner de son exploit. Par hasard, elle atterrit sur un
vieux bout de journal, qui titrait à la une : « record battu en athlétisme ! ».
Une grande photo du dossard rouge à la fin de son saut était jointe. Sur
celle-ci, on voyait très nettement, les pieds touchant le sol au-delà de 10
mètres.
Juste derrière, une empreinte plus petite dans le sable, laissée par les pattes
d’un insecte bondissant, Sanitroppe en personne ! Celle-ci tenait sa preuve !
L’article serré contre son cœur, elle retourna voir les siens.
-« Regardez ! » dit-elle, « c’est moi sur la photo ! J’ai la preuve de mon
saut ! »
C’était indéniablement elle, derrière l’homme au dossard rouge. Quels champions,
ces sauteurs !
Alors, convaincues enfin de l’exploit de Sanitroppe, les sauterelles fêtèrent
leur vedette, et allèrent désormais fréquenter les stades, lors des compétitions
d’athlétisme.
Créé le 16 mars 2006 par Valérie Bonenfant
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