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Un conte qui vous emmène jusqu’au bout du rêve…
Marius, un doux poète, rêve depuis sa plus tendre enfance de toucher la ligne
d’horizon, là-bas au loin…
Devenu adulte, il s’embarque sur un voilier et part réaliser son rêve…
Va-t-il parvenir à atteindre la ligne imaginaire ?
Hé bien oui… et c’est merveilleux
Marius et la ligne d’horizon
dessin conte pour enfants
Marius était un petit
garçon qui habitait au bord de la mer. Depuis sa plus tendre enfance, il était
fasciné par ce grand trait droit qu’il voyait au loin, entre le ciel et la mer :
l’horizon.
-« Quand je serai grand » disait-il, « j’irai au bout de la mer pour toucher la
ligne d’horizon. Et je me baignerai aussi bien dans la mer que dans le ciel… Ce
sera fabuleux ! »
Tout le monde eut beau s’évertuer à lui expliquer que la ligne d’horizon
n’existait pas pour de vrai, que ce n’était qu’une vision sans réalité… Marius
restait persuadé que, loin là-bas, le ciel rejoignait la mer.
Il grandit et son rêve grandit avec lui. Certes, il en parlait moins souvent,
car il s’était aperçu que les autres devenaient vite agacés par ce qu’ils
appelaient, son obstination.
Bien sûr, il avait écouté consciencieusement les théories scientifiques,
physiques, climatologiques…etc, qu’on s’était appliqué à lui enseigner. Mais, il
ne tenait pas à réduire sa ligne d’horizon à une formule mathématique, à un
processus chimique ou à des facteurs de pression et de température…
Pour lui, très clairement, l’horizon, c’était autre chose… Alors, quand il fut
adulte, et enfin libre de ses mouvements, il choisit d’embarquer en solitaire
sur un grand voilier.
Enfin, il allait pouvoir réaliser son rêve… Pour se guider, pas besoin de
boussole ni de compas. Il lui suffisait d’aller droit devant, vers l’infini…
Il navigua ainsi de nombreux jours, de nombreuses nuits… L’horizon s’étirait
toujours au loin, d’une horizontale parfaite.
-« J’arrive… » lui promit intérieurement Marius. C’était comme un pacte scellé
entre eux, qui était sur le point de se concrétiser.
La flamme de la passion vivait toujours en lui, sans faiblir, depuis l’enfance.
Des mois plus tard, l’horizon était toujours hors de portée, mais il garda le
cap, inflexible.
Ses réserves diminuaient ? Quelle importance ! La mer lui fournissait des
poissons à manger à volonté. Il n’avait qu’à plonger sa canne à pêche dans l’eau
et aussitôt, ça mordait et son repas arrivait !
L’eau ? Aucun problème, la pluie tombait régulièrement, remplissant son auge en
entier, lui assurant des réserves pour plusieurs jours. Il voyagea ainsi pendant
des années.
Et un jour, enfin, l’univers lui fit un cadeau : l’horizon était là, à quelques
encablures, à portée. Le visage illuminé de bonheur, le cœur battant la chamade,
Marius accomplit les derniers miles, sans quitter des yeux le rêve de sa vie.
Voilà, son bateau venait de percuter le bord du grand horizon, tel un ponton
dans le port.
Marius largua les amarres, puis s’apprêta à sortir du voilier. Tel un funambule,
il tâta de sa plante de pied, la grande horizontale… Et s’élança ! Quel bonheur
de marcher sur la ligne d’horizon, entre les deux immensités bleues qu’étaient
le ciel et la mer. Ses pieds pouvaient toucher l’eau, et ses bras remuaient dans
le ciel.
Alors, Marius réalisa ce dont il avait toujours rêvé : plonger dans l’eau pour
ensuite franchir la ligne et nager dans le ciel ! Il fit ainsi plusieurs allers
retours de part et d’autre de l’horizon, en riant de bonheur et en pleurant des
larmes de joie. Quelle émotion merveilleuse ! C’était tellement grand ce qu’il
était en train de vivre !
Revenu sur la ligne, il courut de toute son énergie sur cette trace parfaite,
flirtant avec l’eau, fendant le ciel.
Puis, quand il fut trop essoufflé pour continuer, il marcha à la façon d’un
équilibriste sur une grande corde tendue. C’était merveilleux ! Il oublia tout.
Le monde d’où il venait, sa famille, ses amis… Et même son voilier qui l’avait
amené ici !
Mais ce n’était pas grave, car il n’avait plus envie de partir… Marius resta
donc avec son rêve, la ligne d’horizon.
D’ailleurs, peut-être qu’un jour, si vous fixez bien cette limite entre ciel et
mer, vous apercevrez une minuscule tâche bouger. Vous penserez alors à Marius…
Et qui sait, peut-être aurez-vous comme lui, l’envie d’aller voir l’horizon ?
Créé le 10 avril 2007 par Valérie Bonenfant
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