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Un conte où la danse est vie.
Mambo Tango Blagapar, un ver de terre, ondule aux rythmes des musiques qui
transportent…
Jusqu’au jour où une panne électrique coupe le son, créant des dégâts
considérables chez le pauvre ver de terre… Va-t-il surmonter cette épreuve ?
Mambo Tango Blagapar
dessin conte pour enfants
Mambo Tango Blagapar était un ver de terre, baptisé ainsi car il adorait
danser. Dès qu’un air de musique latine jouait, il ondulait gracieusement en
rythme. Un bien grand nom pour un si petit animal, qui lui allait comme un gant.
-« Et pourquoi ne t’ont-ils pas plutôt appelé Latino, c’était joli aussi comme
nom, et surtout moins long à prononcer. »
-« Oui, mais c’était beaucoup moins original… » commenta Mambo Tango Blagapar,
fier de son patronyme.
Sûr que dans le monde, il était le seul à porter ce nom. Alors, vous vous rendez
compte, lui, le simple ver de terre, ce qu’il y avait de plus commun, avec un
nom aussi rare. Ainsi, il se démarquait, devenait quelqu’un d’exceptionnel. Et
son nom chantait comme les musiques douces qu’il aimait : Mambo Tango Blagapar.
Rien que de le prononcer, et son corps se mettait déjà à onduler.
Un jour, lors d’une fête organisée par le très officiel comité des vers de terre
dansants, Mambo Tango Blagapar se fit remarquer. Jusqu’à présent, les musiques,
plutôt violentes, avec leurs rythmes effrénés et leurs chanteurs crieurs ne
l’avaient pas inspiré.
Mais, là, il semblait qu’on revenait vers quelque chose de plus doux, qui vous
enveloppait chaleureusement.
Le ver de terre se laissa envahir par cette mélodie, et bougea comme la musique
le lui demandait. Ses mouvements n’étaient pas maîtrisés, son corps allait dans
le tempo, sans se préoccuper de sa gestuelle.
Complètement transporté, Mambo Tango Blagapar ne se rendit pas compte qu’un
attroupement s’était formé autour de lui, en admiration de sa danse. Car jamais,
un ver de terre n’avait autant vibré avec son corps sur de la musique.
Il était LA musique, incarnée. Comme si le temps de la mélodie, il ne
s’appartenait plus. Certains essayèrent d’onduler avec lui, mais même s’ils
dansaient bien, il y avait comme un décalage : ils n’étaient pas portés par le
son.
Mambo Tango Blagapar, lui, ne faisait qu’un avec la musique : elle le
traversait, l’imbibait au plus profond de ses cellules.
Alors, quand un incident vint malencontreusement arrêter le son, dans un grand
COUAC strident, le pauvre ver de terre chuta, comme vidé de sa vie. Il gisait
là, par terre, inerte.
-« Ce n’est pas possible, on dirait qu’il est mort ! » s’exclama Lucie la
mouche, l’une de ses plus ferventes admiratrices.
-« Mais non, il a eu un choc, il va se relever… » dit, sans y croire, le chat
Casper.
-« Pauvre Mambo Tango Blagapar, la danse l’aura tué. C’est dangereux, les
passions extrêmes… » se désola Marcia l’abeille.
Le ver de terre ne bougeait toujours pas. L’un essaya tant bien que mal de le
remettre sur pied. L’autre, de lui faire de la respiration artificielle. Un
autre encore de lui masser énergiquement le dos.
Rien n’y fit. Le pauvre Mambo Tango Blagapar avait été rétamé : une fin brutale,
pour un petit animal au si long nom.
Puis, tout le monde partit, laissant là le malheureux danseur. La fête était
finie…
Joe, l’écureuil réparateur, arriva alors pour examiner le problème technique de
l’appareil qui jouait de la musique.
-« COUASS, SLIFFF, BZZZID… » hurla la sono.
Effectivement, il y avait un souci. C’était sans doute à cause de ce fil, là,
débranché. Joe le reconnecta et fit un nouvel essai.
Ah ! Ca marchait mieux ! La musique donnait à nouveau de la voix, doucement
d’abord, puis plus fort, avec un volume au maximum.
Fichtre ! Ca décoiffait ! Quel choc ! Bien, tout fonctionnait, Joe ramena le son
à un niveau normal, et contrôla d’autres branchements.
Un peu plus loin, se produisit un phénomène étonnant. Le ver de terre, sous le
choc de la musique revenue à plein régime, s’était brusquement arqué, sans faire
d’autres mouvements.
Puis, au fil des notes, il se détendit progressivement, et se remit à onduler,
doucement.
Lucie, la mouche, revenue voler dans le coin, s’en aperçut la première :
-« C’est merveilleux ! Mambo Tango Blagapar est revenu ! » hurla-t-elle.
Tous accoururent alors, pour assister au miracle. Et quand Joe l’écureuil, qui
venait de tout vérifier, voulut couper la musique, tous s’y opposèrent
formellement.
-« Non, laisse ça ! C’est vital ! Oh Joe, tu as sauvé une vie, c’est
merveilleux ! » s’exclama Lucie.
Sauver une vie ? Comme ils y allaient ! Juste une réparation de broutille sur un
vieil appareil électrique, rien d’exceptionnel, vraiment. Ces propos étaient
quelque peu exagérés. Sans doute était-ce à cause de leur attachement
particulier à cette machine…
Enfin, pour lui, le travail était terminé, alors il partit.
Mambo tango Blagapar continua de se réveiller, en reprenant sa danse, comme
avant l’incident. Aussi, quand il vit toute cette foule autour de lui, qui le
regardait, émerveillée, certains à genoux, remerciant le ciel, d’autres pleurant
de joie, il s’arrêta.
-« Mais qu’avez-vous donc ? C’est moi qui vous mets dans cet état-là ? Allons,
les amis, je ne fais rien d’exceptionnel, je danse, c’est tout ! »
Et la fête reprit, avec cette fois, plein de danseurs transportés… !
Créé le 23 juillet 2006 par Valérie Bonenfant
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