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Le
conte d’une petite souris qui tire de lourds bagages…
A l’intérieur de ses valises, toute une ribambelle de souvenirs plus
hétéroclites les uns que les autres. Quel fatras dans cet héritage!
Malice, la petite souris, va alors faire un tri dans ses affaires et garder
uniquement ce dont elle a vraiment besoin…
Malice et ses valises
dessin conte pour enfants
Malice était une souris vagabonde. Elle errait de villes en villes avec son
lot de valises qu’elle tirait derrière elle depuis toujours.
Un jour, elle rencontra un rat qui s’appelait Auguste. Celui-ci lui demanda :
-« Mais que transportes-tu dans toutes ces valises ? Elles semblent bien lourdes
pour toi. Ne peux-tu pas te décharger un peu ? »
Malice lui répondit :
-« Non, je ne peux pas, elles contiennent des affaires de famille, et qui m’ont
été transmises depuis plusieurs générations. C’est un héritage. Je dois les
garder. »
-« Tu parles d’un cadeau ! Une charge, oui ! Tu pourrais au moins faire le tri,
et ne garder que ce qui est intéressant pour toi ! »
-« Oh, je ne m’en sens pas capable. Cela demanderait un travail considérable… Et
puis, je ne sais pas si j’en ai vraiment envie. Quelque part, ces valises, c’est
mon histoire, elles font partie de moi ! »
-« Hum-hum, une histoire un peu lourde malgré tout, pour une petite souris comme
toi… Réfléchis-y et, si tu veux, lors d’un de tes prochains passages, je
pourrais te donner un coup de patte. »
-« Merci Auguste, je vais y penser, mais à priori, c’est non… ! »
Malice reprit sa route et continua vers le pays des montagnes. Cela montait
beaucoup et c’était dur de tirer tout ce charroi. Les descentes n’étaient guère
plus faciles. Les valises dévalaient la pente à fond les ballons, et la pauvre
Malice résistait du mieux qu’elle pouvait mais sans succès…
Et puis, il y avait les traversées des rivières. Ce qui aurait été facile pour
une petite souris légère, devenait très compliqué avec une enfilade de valises.
Celles-ci se lestaient davantage avec le poids de l’eau, et se coinçaient en
plus dans les rochers.
Il fallait à chaque fois intervenir, et c’était épuisant.
Un jour, après un voyage particulièrement éreintant, Malice prit une grande
décision : elle allait s’alléger un peu, dégager quelques-unes de ces
vieilleries, celles qui lui semblaient les moins importantes.
Elle commença par les valises de ses parents. Ouille, ouille, ouille… Qu’elles
étaient lourdes ! Elles en contenaient des choses : des petites, des grosses,
des colorées, des neutres… Un fatras indescriptible !
Malice s’installa alors tranquillement et entama son examen.
Oui, cette marionnette rigolote qui tirait la langue et qui la faisait tout le
temps rire, elle la gardait.
Par contre, les vieux habits tout râpés et tout abîmés… Non, ça, elle allait les
jeter. D’ailleurs, plus elle les regardait, plus elle les trouvait laids et
difformes.
Pareil pour les vieux livres : dépassés, les principes d’éducation, et quant au
savoir, elle se sentait aujourd’hui beaucoup plus cultivée que ces ouvrages
limités aux connaissances de l’époque !
Elle conserva quelques photos, souvenirs de ses ancêtres, mais se débarrassa des
ustensiles désuets, à l’exception d’un ou deux auxquels elle trouvait du charme…
Après les valises de ses parents, elle s’attaqua à celles de ses grands-parents,
et ainsi de suite…
Ce travail lui prit de longs mois, peut-être même des années.
Quand enfin, ce fut terminé, seule restait une valise et encore pas tout à fait
remplie.
Qu’à cela ne tienne, elle allait s’équiper d’un sac à dos, bien plus pratique
pour la souris voyageuse qu’elle était !
Et la voilà partie avec son nouveau bagage à la découverte du monde.
Elle se sentait libérée et désormais libre.
Les pays qu’elle parcourait lui semblaient pleins d’attraits nouveaux, même ceux
qu’elle connaissait déjà et qu’elle avait traversés autrefois avec ses valises.
En chemin, elle revit Auguste le rat, heureusement surpris de la trouver sans
poids à tirer.
-« Oh Malice, t’aurait-on dérobé tes bagages…ou bien aurais-tu réussi à faire le
vide dans ceux-ci ? »
-« Hé bien Auguste, j’ai finalement suivi tes conseils et je n’ai gardé de mon
héritage que ce qui était bon pour moi. Et je m’en trouve ravie ! »
Et elle éclata de rire, bientôt suivie d’Auguste qui la félicita, avant de
continuer à bavarder avec elle.
C’est qu’elle en avait des choses à raconter de son voyage … !
Créé le dernier trimestre 2003 par Valérie Bonenfant
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