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« Si vous partez en vacances, mieux vaut avoir une carte ! »
Telle pourrait être la conclusion de ce conte.
En effet, un touriste décide de partir en congés, en se fiant aux seuls panneaux
indicateurs placés au bord de la route…
Sauf que le fléchage n’est pas banal, et lui joue quelques tours gratinés !
Un conte très divertissant qui vous fera renouer, pendant quelques instants,
avec la joie des grands départs en vacances…
Les panneaux indicateurs
dessin conte pour enfants
Babarek voulait partir
dans un pays lointain, qui s’appelait Tombackchi. C’était loin, il n’y était
jamais allé, et il n’avait pas de carte pour se guider.
Qu’à cela ne tienne, il avait quelques points de repères en tête et, avec les
panneaux indicateurs, il devrait bien trouver son chemin.
Babarek grimpa dans son auto et se mit en route. Première étape : Marseille.
C’était un point obligé. Facile, il n’avait qu’à descendre…
Youpi ! Le moteur était en marche, l’aventure commençait. Le sourire aux lèvres,
Babarek conduisait, heureux. Comme les paysages étaient beaux ! Et ce soleil
magnifique qui brillait dans le ciel bleu.
Les vraies vacances… De la musique dans l’auto, volume maximum, et l’ambiance «
vacances » fut tout à fait installée. Babarek arriva à Marseille sans encombre.
-« Cool, la mer ! Trop chouette, cette belle étendue d’eau… Allez, ma belle »
dit-il en s’adressant à son auto, « on continue direction le sud-ouest. »
Ils partirent tous deux, direction l’ouest. Nîmes, Montpellier, Narbonne…
Quelles belles villes ! En plus, ils longeaient la mer, quel plaisir ! Sans
difficultés, ils parvinrent à la frontière espagnole, et bifurquèrent vers le
sud.
Babarek savait qu’il fallait descendre. Tombackchi n’était plus très loin, des
panneaux allaient sans doute bientôt lui indiquer la route.
Babarek et son auto roulèrent encore de nombreux kilomètres. Plus ils
avançaient, plus ils cherchaient des informations sur les panneaux indicateurs,
mais sans succès…
-« Ils ne se foulent pas trop en Espagne, côté indications. De toute façon,
c’est sûr, nous sommes sur la bonne voie. »
Le temps passa. Babarek baissa un peu la musique pour se concentrer sur la
route. Balaccio, Désertica, Eberid, Couscouslama… Autant de noms sur les
panneaux indicateurs qui ne lui disaient rien du tout… Quelle direction suivre ?
-« Qu’en penses-tu ? » demanda-t-il à son auto.
Mais celle-ci attendait d’être conduite, et n’était pas programmée pour formuler
des avis sur les itinéraires… Mince alors… Ah, voilà un autochtone, il allait
lui demander son chemin.
-« Pardon monsieur… Pourriez-vous m’indiquer la route pour Tombackchi, s’il vous
plaît ? »
-« Et peseta, esta la vista, volare paëlla, hapatchick, mimilano, raviere con
moi… »
-« Quoi ? Qu’est-ce qu’il dit ? Je ne comprends rien… »
-« Bono cuno pistiche arena villar… » insista le monsieur.
-« Bon, OK ! Gracias ! Mais on n’est pas sorti de l’auberge… Allez, à
l’intuition, moi je dirais Couscouslama. Go ! »
La direction de Couscouslama les amena vers un désert aride où le soleil dardait
ses rayons de manière ardue… Babarek coupa la radio car il ne captait plus rien
à part des grésillements.
-« Je crois que nous sommes perdus… Essayons de revenir sur nos pas, avant que
nous ayons perdu toute connexion avec le monde, dans ce no man’s land. »
Babarek et son auto retournèrent. Ils roulèrent longtemps sans retrouver
l’endroit de la bifurcation.
-« Mais ce n’est pas possible ! Où sont-ils passés ces panneaux ? Nous aurions
dû les rejoindre depuis longtemps… Ah, là-bas, je vois quelque chose ! »
Ils parvinrent à un panneau, seul élément vertical, dans ce paysage plat.
-« Par là » était-il mentionné dessus.
Babarek, content de n’avoir qu’une seule indication, continua par là. Un peu
plus loin, un autre panneau :
-« Par ici »
Bizarre ! Mais comme on n’avait pas le choix, alors on prit cette route. Le
paysage changeait. Les vues devenaient montagneuses, la route sinueuse. Au
sommet de la montagne, un autre panneau :
-« Maintenant, à droite »
Babarek bifurqua donc à droite. Où allait donc le mener cet itinéraire ? Pourvu
que ce soit vers la civilisation, Babarek n’en demandait pas plus. Mais voilà un
autre panneau :
-« A vous de décider !»
Qu’est-ce que c’était que cette plaisanterie ? Que voulait dire ce fléchage
idiot ? L’auto le regardait, haletante. Tu parles de vacances ! Rouler sous ce
soleil sans failles… C’est qu’elle commençait à avoir soif, elle !
-« Oui, et bien, ce n’est pas pour tout de suite, la boisson… Tiens,
profitons-en ! Renifle la station-service et allons-y ! Alors, vers où nous
mènes-tu ? »
La voiture, au hasard, se plaça sur un petit chemin caillouteux.
-« Mouais, c’est clair que je ne serais pas allé par là, spontanément. Si ce
sentier nous ramène vers la civilisation, moi, je me fais moine ! Mais bon,
allons-y, au point où nous en sommes… »
Ils roulèrent encore, des heures durant. Le chemin ne s’arrangeait pas. Ce
n’était pas gagné ! Ah mais tiens, même là, encore un panneau !
-« Bravo, vous êtes sur la bonne voie ! L’issue n’est plus très loin ! »
-« Alors ça, si je m’y attendais ! Sur la bonne voie ! Enfin, je demande à voir,
car les infos sur ces panneaux, je n’ai pas vraiment confiance… »
Un peu plus loin, un panneau :
-« Vous êtes arrivés ! »
-« Hein, quoi ? Mais où sommes-nous arrivés ? Je ne vois rien. Q’est-ce que
c’est que cette ânerie ? »
Mais l’auto avait visiblement repéré quelque chose car elle s’agitait.
Certes, il y avait de la vie, là, derrière le rocher. De la vie, une station
service, deux maisons et même une autre voiture. Génial ! Un panneau :
-« Tombackchi »
Ca alors, c’était un miracle ! Babarek s’installa dans ce lieu, et n’y bougea
plus, son auto refusant de reprendre la route.
Il y devint moine et y construisit une église.
Créé le 20 janvier
2007 par Valérie Bonenfant
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