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Un conte qui explore ce qui se cache derrière les mots…
L’un a l’air gentil et se révèle moqueur et despotique…
Un autre a l’air rébarbatif, il fait peur avec ses grosses colères et finalement
a un fond plein de tendresse…
Venez découvrir ces mots qui vous invitent à ne pas s’en tenir à leur simple
définition, mais à aller voir plus en profondeur !
Les mots
dessin conte pour enfants
Dans la grande famille
des mots, il y avait des bons et des méchants.
Les gentils n’étaient pas toujours ceux qu’on croyait. Parfois, on était
surpris, un mot avait l’air comme ça inoffensif, et soudain se révélait agressif
et désagréable.
D’autres fois, c’était le contraire : un mot semblait rébarbatif, peu avenant,
puis, quand on avait dépassé son côté rude du premier abord, on découvrait
finalement qu’il était plein de bonté.
Voici par exemple, l’histoire de Miroir et Volcan. Miroir était un mot à priori
aimable, toujours à réfléchir le bon côté de la personnalité. Il préférait les
personnes souriantes et les inciter à le rester, en renvoyant, sitôt qu’elles
quittaient le sourire, une vilaine image d’eux.
Volcan, lui, faisait peur. Il était imposant, l’air revêche et peu causant.
Pendant des lustres, il ne disait rien puis, alors qu’on finissait par
l’oublier, patatras, bing bang boum, il explosait en milliers de grondements
sonores. Brrh ! Peu de gens se sentaient bien en compagnie de Volcan.
Mais, un jour, tout changea. Miroir se mit à déformer les visages, et à montrer
une image difforme qui affolait les personnes.
-« Ciel ! J’ai un œil de travers ! Quelle horreur ! Vite, il faut le redresser !
» s’écria une dame prête à recourir à la chirurgie esthétique pour retrouver son
aspect d’antan.
-« Mes dents ! Elles ont grandi ! On dirait celles d’un lapin ! Ce n’est pas
possible, c’est un cauchemar ! » geint un autre, en se prenant la tête entre les
mains.
-« Et mon menton ! Ratatiné ! On dirait qu’il a été écrasé suite à une vilaine
chute… Pourtant, je ne suis pas tombé, récemment ! » s’étonna un troisième.
Miroir s’amusait beaucoup de ces réactions déconvenues et continuait de plus
belle ! Intérieurement, il jubilait !
Volcan, lui, venait de crier très fort, et se retrouvait maintenant, seul au
milieu de ses cendres.
-« Enfin débarrassés de tous ces êtres qui ennuient ! Ouf ! Me voilà tranquille…
»
Mais la quiétude lui amena l’ennui. Finalement, il les regrettait les autres.
Certes, leur compagnie était parfois soûlante, mais bon, ils n’étaient pas
méchants. Et puis là, tant pis, il l’avouait : ils lui manquaient !
Comment les faire revenir ? Alors Volcan fertilisa les terres de ses flancs, et
donna les plus fabuleuses récoltes qu’un paysan n’ait jamais produites ! Charmés
par cette générosité, petit à petit, les hommes revinrent.
Miroir fut alors amené à rencontrer le grand Volcan. En effet, une femme très
attentionnée à son image, le portait toujours sur elle. Quand elle le sortit
pour la première fois, près du Volcan, Miroir fut d’abord éberlué par ce mot
qu’il n’imaginait pas aussi grand, une force de la nature.
-« Fichtre ! Comme tu es immense ! Jamais ton image ne pourra tenir dans mon
cadre… Dommage… Que vais-je donc pouvoir te renvoyer ? »
-« Ce que tu veux… Tu sais, mon image ne m’intéresse pas beaucoup ! »
-« Mais si, forcément ! Regarde, là, je vais te réfléchir ton cratère… » proposa
le Miroir.
Volcan regarda son reflet et n’y vit qu’une image réduite de ce qu’il était
réellement.
-« Mais, il manque les bords, et au fond, on n’y voit pas bien… » s’étonna
celui-ci.
-« Ben oui, forcément, tu es trop gros… Dommage pour toi, faudrait que tu fasses
un régime ! »
-« Un régime, mais comment ? » demanda Volcan.
-« Ben, c’est à toi de voir, mais c’est le prix à payer pour entrer dans mon
cadre.
Volcan réduisit sa consommation de terre et de cailloux. Il laissa tomber ses
vieilles laves, et se refit une ligne. Voilà, tout fin, tout svelte, il allait
pouvoir tenir dans le Miroir.
-« Non, ce n’est pas bon encore, le trou est trop évasé… Pince-le un peu ! »
Volcan comprima son cratère et attendit.
-« Tu es encore trop haut ! Il faut te tasser ! Allez, rapetisse-toi, et ce sera
presque bon… »
Volcan dégringola alors quelques couches de magma tectonique, et diminua
considérablement sa hauteur.
-« C’est parfait ! Tu rentres dans mon cadre ! Tiens, profite ! C’est sans doute
la première fois que tu peux te voir en entier… »
Oui, mais à quel prix ! Volcan ne se reconnut pas. Lui, cet être autrefois si
vigoureux et imposant, ressembler à une ridicule bouche en cul-de-poule… Quel
désappointement ! Pas question de se laisser contenir par cette image ! Il se
préférait avant ! Alors, bien qu’il n’eût cette fois, pas spécialement envie de
se soulager, il explosa pour regagner ses formes d’antan.
Il veilla à préserver pendant sa transformation, les champs de ses chers
paysans. Il leur aménagea même à proximité, un point d’eau pour qu’ils puissent
aisément irriguer leurs cultures.
Ah, comme il se sentait mieux, redevenu lui-même ! Et tant pis s’il ne pourrait
plus se voir dans le miroir… Que lui importait ? Seul comptait désormais son
amour des autres…
Créé le 15 juin 2007 par Valérie Bonenfant
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