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Un conte qui invite à réfléchir à la manière dont on dépense son argent…
Ettik, un jeune chevreuil, décide d’acheter une vieille marmite usagée et
percée.
Une grosse dépense pour lui, mais il est sûr qu’il fait une bonne affaire !
Toutefois, quand il faut la transporter, c’est toute une histoire ! Et quand il
veut la ranger chez lui : impossible, elle tient trop de place !
Aïe, le pauvre chevreuil va alors devoir trouver une solution…hélas coûteuse
pour lui !
Les boutons d'or
dessin conte pour enfants
Il était une fois un
pays où la monnaie courante était constituée de boutons d’or.
Dans la forêt, pas une transaction qui ne s’opère sans échange de ces petites
fleurs jaunes.
Le problème était que cette monnaie était relativement fragile dans le temps. En
effet, une fois coupés pour servir de commerce, les boutons d’or avaient
tendance à dépérir et à se faner rapidement.
Aussi, leur usage supposait que l’on préméditait son achat à l’avance. Il
fallait, après avoir repéré l’objet de sa convoitise, et noté son montant, aller
vite chercher à la banque de la forêt (un grand champ de boutons d’or,
soigneusement gardés) la quantité de fleurs dorées nécessaire. Puis, partir les
dépenser rapidement, avant qu’elles ne vaillent plus rien.
Un jour, Ettik, le chevreuil, habituellement plutôt économe, craqua pour une
belle marmite en cuivre, autrefois abandonnée dans la forêt, et récupérée par
une pie.
-« Combien, cette marmite ? » demanda-t-il à l’oiseau.
-« 100 boutons d’or ! Une pièce rare, cabossée d’origine, et percée en son
centre, ce qui certifie son authenticité… Une vraie passoire comme on n’en
trouve plus depuis que des poubelles ont été installées à l’entrée de la forêt…
» argumenta la pie.
Bigre ! Cela ressemblait bien à l’affaire du siècle ! Ettik galopa, excité, le
cœur battant, vers le grand champ de boutons d’or. Il dut faire la queue, car
apparemment, de nombreux animaux avaient flairé de bons coups !
Mais Ettik était sûr du sien. Une telle marmite ! C’était la chance de sa vie,
l’affaire qui allait faire de lui le roi de la forêt. Quand son tour arriva, il
demanda hardiment ses 100 boutons d’or. Une grosse somme, qui nécessita de
multiples formalités, mais heureusement, son compte était fourni, alors il put
récupérer son lot.
Les yeux pétillants, il vit arriver ses brins dorés, soigneusement rangés dans
un tronc d’arbre. Vite, il s’en saisit et fonça vers la marmite. Il ne
manquerait plus qu’entre temps, un autre se la soit approprié ! Le cuir en
sueur, les sabots échauffés par la course, il déboula face à la pie.
-« Voilà, j’ai les boutons d’or ! Je veux ma marmite ! » déclara-t-il tout net.
-« Hé là ! Pas si vite, mon cornu ! Montre-moi d’abord ton tronc que je vérifie
si le compte y est… 1, 2, 3, 4….97, 98, 99 et 100 ! Ca m’a l’air bon. Tiens, la
marmite est là-bas, dans le coin, tu peux la récupérer… »
Tout heureux, Ettik partit la chercher. Hum, pas facile pour un chevreuil
d’emporter un tel objet. C’était plutôt encombrant ! Qu’à cela ne tienne, il
allait la caler sur son dos. Mais, encore faudrait-il qu’il parvienne à la
placer ? Zut ! Ce léger embarras n’avait pas été prévu…
Ettik réfléchit. Non, le dos, cela semblait trop haut pour la faire grimper. La
bouche paraissait mieux appropriée. Ettik s’approcha et mordit
précautionneusement la marmite, pour ne point l’abîmer. Là, entre ses gencives
et ses lèvres, ça devrait aller… Il souleva son cou pour la lever, mais, nom
d’une belette bleue, que c’était lourd ! Ah, il ne s’était pas fait avoir sur la
marchandise : il en avait pour son poids !
Ettik mordit alors plus fort pour mieux la tenir. Ca bougea un petit peu, sauf
que ça glissa le long de ses gencives, lui rayant toutes les dents. Pire ! Ca
manqua tomber ! Aïe, il fallait préserver les bosses authentiques d’origine ! Ce
n’était pas gagné !
Le chevreuil la verrouilla alors solidement avec ses dents. Tant pis si
celles-ci laissaient leurs empreintes… Ce serait moins grave que la chute.
Tant bien que mal, il transporta sa merveille chez lui. Ouf ! Il en avait mal
aux mâchoires, aux dents et au cou aussi… Voilà, il allait lui trouver une place
agréable dans son antre. Mais où ? C’était que ce n’était pas bien grand chez
lui.
Là au milieu ? Non, il ne pourrait plus s’allonger après pour se reposer. Alors,
là, dans le coin ? Impossible, ça bouchait tout le passage… Ou bien, suspendue
au plafond ? Trop dangereux : il risquait de s’y cogner…
Ettik examina le problème dans tous les sens, mais ne trouva pas de solution.
Zut ! C’était soit dedans, et il ne pouvait plus bouger, soit dehors, avec le
risque de se la faire dérober… Quel dilemme ! Il en était là de ses réflexions,
quand la fouine Evitt arriva.
-« Ben Ettik, tu en fais une tête ! Qu’est-ce que tu fais là, avec cette
vieillerie ? » demanda celle-ci.
-« Cette vieillerie, comme tu dis, est un objet de grande valeur que j’ai eu la
chance d’acquérir. Mais, je suis embêté, car mon chez moi est trop petit pour la
ranger. Et dehors, j’ai peur qu’on me l’enlève… » expliqua le chevreuil.
-« Ah, je vois… » répondit la fouine, « montre-moi un peu cet objet… Mouais, pas
mal les aérations… Et là, les bosses au fond, ça devrait être confortable, après
un petit modelage… Bien, d’accord, je te la garde. »
-« Hein, quoi ? je ne comprends pas… »
-« C’est simple » dit la fouine, « je cherche une maison pour me loger. Cette
marmite me paraît adaptée, alors si tu veux, je l’habite, comme ça, en même
temps, je la surveille… Et elle n’encombrera pas ta maison, mais sera juste à
côté… Ça ne te coûtera que 2 boutons d’or par semaine. Qu’en dis-tu ? C’est un
bon marché, non ? »
Et voilà comment Ettik le chevreuil perdit beaucoup de boutons d’or avec sa
soi-disant affaire !
Créé le 3 avril 2007 par Valérie Bonenfant
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