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Si vous en avez assez de lire les tristes nouvelles des journaux, faites un
détour par ce conte !
Ici, pour une fois, on édite un périodique, contenant exclusivement des
informations joyeuses !
Comme cela fait du bien de tourner les pages de ce quotidien : enfin du ciel
bleu, des fleurs, des naissances…
Une lecture à conseiller à tous ceux qui souhaitent être informés différemment…
Le journal des bonnes nouvelles
dessin conte pour enfants
Le monde des journaux
était tout gris. Des pages entières blanches, recouvertes d’écritures noires
serrées. Tout ça donnait un fondu grisâtre, plutôt tristounet.
Un jour, un lecteur assidu de ces quotidiens en eut assez de ces nouvelles
sombres. Il eut envie de couleurs. Il imagina alors d’insérer quelques photos
colorées à l’appui des faits divers sinistres.
Certes, des tâches de couleurs apparurent, mais souvent d’un rouge sanglant, ou
bien d’un bleu inquiétant. Curieusement, le monde des journaux ne s’en égaya pas
davantage.
-« Zut alors ! » se dit le lecteur, « ce n’est pas ça que j’attendais… Moi,
j’avais envie de frais, de léger, de doux… Pas ces caractères sombres qui
annoncent de terribles nouvelles… »
Il décida alors de ne s’intéresser qu’aux bonnes nouvelles. Mais fichtre ! Que
c’était difficile d’en trouver ! Vraisemblablement, ça ne courait pas les rues !
Il allait avoir du mal à en dénicher une !
Mais là, enfin, dans un coin, il en aperçut une. Oh, rien de bien extraordinaire
en fait : juste une annonce sur le fait que les marguerites allaient bientôt
fleurir.
Certes, ce n’était pas la nouvelle du siècle, mais cela contenta un peu notre
lecteur, en mal de nature généreuse. Il choisit de la ranger dans sa boîte à
bonnes nouvelles, qu’il viendrait consulter de temps en temps, quand il en
aurait assez de feuilleter les pages grises des journaux traditionnels.
Quelques jours passèrent sans qu’il ne réussisse à mettre la main sur une autre
bonne nouvelle. Quelle denrée rare ! Mais, à force d’efforts, il parvint à en
collecter quelques autres, cachées par ci par là ! La naissance d’une portée
dans la famille chat du voisin, une météo annoncée belle sur la région de Laska,
une classe de l’école de Linne qui avait gagné le concours de dessin…
Le lecteur s’en saisit précieusement et les plaça dans sa boîte à bonnes
nouvelles. Au fil du temps, celle-ci se remplit. Curieusement, le lecteur avait
moins de difficultés à en trouver. Son entraînement portait ses fruits. Il
connaissait maintenant les trucs et astuces pour les repérer.
Bientôt, sa boîte fut pleine.
-« Ben, ça alors, il va falloir que j’en commence une autre ! » s’exclama-t-il,
surpris.
Il en choisit une bien grande qui assurément, lui permettrait quelques mois de
stockage. Mais, à son grand étonnement, elle fut pleine en moins d’une semaine.
Car, Ô surprise, les bonnes nouvelles arrivaient par paquets entiers, de leur
propre initiative, et venaient trouver naturellement leur place dans la boîte…
Le lecteur multiplia ses points d’accueil, trop heureux du succès rencontré.
Bientôt, il fut submergé de bonnes nouvelles.
-« Ca alors ! » s’étonna un collègue, « tu devrais ouvrir un journal, avec
toutes ces nouvelles à communiquer ! »
Mais bien sûr ! Quelle bonne idée ! Comment n’y avait-il pas pensé plus tôt ? Il
s’évertua alors à chercher des feuilles, non des blanches mais des colorées :
des jaunes, des roses, des vertes, des bleues… Quelques photos lumineuses, dans
une harmonie de pastels, et des écritures rondes, qu’il imprima en lettres
multicolores.
Ah, la belle page ! Rien à voir avec la une de ces journaux sinistres ! Il
poursuivit sa tâche et obtint un vrai journal, d’une épaisseur consistante,
empli uniquement de bonnes nouvelles.
-« Pffft ! Tu n’auras aucun succès ! » lui prédit un lecteur gris.
Mais notre lecteur imprimeur s’accrocha. N’y aurait-il qu’un seul exemplaire de
son journal de vendu, c’était déjà ça !
Dans ce monde de journaux gris, le quotidien joyeux dénotait. Il attira au début
une attention suspicieuse de la part de certains lecteurs, peu habitués à ces
couleurs de nouvelles. D’autres en furent même choqués.
Petit à petit, on s’habitua à ces teintes, et certains osèrent même s’y risquer
à lire quelques lignes ! Bigre ! Tant de bonheur dérangeait ! C’était encore
plus fort en émotion que les journaux gris aux images rouges…
Plusieurs acheteurs, enfin, se manifestèrent... A petite dose, puis de plus en
plus souvent, et de plus en plus nombreux. Bientôt, le monde des journaux
s’équilibra : des nouvelles grises d’un côté, des informations joyeuses de
l’autre.
Les lecteurs semblaient plus détendus, un sourire illuminait même parfois leurs
visages. Des irréductibles restaient fermés, austères, mais ils devinrent de
plus en plus rares.
Le lecteur créateur du quotidien des bonnes nouvelles était aux anges. Son
journal marchait fort.
Une bonne nouvelle qui faisait la une de sa vie, et qu’il publierait sans doute
bientôt !
Créé le 6 mars 2007 par Valérie Bonenfant
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