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Un conte sur la tolérance,
l’intégration et l’amour.
Titom, un coq différent de ses congénères, va quitter son village, du fait des
moqueries des autres. Quelle surprise pour ceux-ci d’apprendre de la bouche de
« personnalités » que Titom est un prince ! Le poulailler se mobilise : il faut
absolument retrouver Titom et le traiter du mieux qu’il soit…
Le coq chauve
dessin conte pour enfants
Titom était un drôle de coq, né un drôle de jour !
En effet, le jour où il avait cassé sa coquille, le ciel était doré, le soleil
noir, et la lune brillait toute rouge. Jamais de mémoire de poules, on n’avait
vu ça !
Et jamais, on n’avait vu un poussin aussi curieux : pas de doux duvet qui le
revêtait mais une fourrure, épaisse, lustrée, et qui brillait d’une imposante
couleur mauve. Pas de piou-piou classiques mais de gros râlements, rauques et
impressionnants.
Et puis, en grandissant, une particularité supplémentaire apparut : Titom était
chauve ! Sans la plus petite crête qui vienne fleurir habituellement la tête des
coqs !
Un moindre mal, me direz-vous, en regard des autres différences qu’il
présentait. Hé bien pas du tout, Titom vivait très mal cette absence de crête et
s’en trouvait fort complexé.
Quand il arrivait dans une basse-cour voisine et qu’il entendait :
-« Oh, mais regardez ça, quel drôle de volatile ! »
-« Oui, quelle couleur bizarre, et ces plumes poilues, quel mauvais goût ! »
Il restait calme, placide et plutôt indifférent.
Mais, quand on enchaînait avec :
-« Et sa tête, vous avez vu ? On dirait un crâne d’œuf ! »
Alors ça, ça le mettait en boule. Il pouvait alors, suivant les moments, devenir
très triste et pleurer de chaudes larmes, ou bien se mettre très fort en colère
et piétiner de rage tout ce qui se présentait à lui. C’était terrible…
Au fil du temps, ses congénères, désormais habitués à ses différences,
s’amusaient à le chahuter sur son point sensible.
-« Hé Titom, mets-toi un bonnet, tu vas t’enrhumer ! »
Ou bien :
-« Non, tu ne peux pas jouer avec nous, tu n’es pas un vrai mâle sans ta
crête… »
Ou encore :
-« Titom est un coq chauve, honte à Titom ! »
Le pauvre devenait alors tout pâle, piquait du bec, coursait, criait… Mais rien
n’y faisait, ils ne se calmaient pas.
Un jour particulièrement difficile, Titom décida de partir. Ici, ce n’était plus
supportable. Ailleurs, ce ne pouvait être pire, et tant pis s’il finissait dans
la gueule d’un renard.
Il s’en fut donc vers d’autres horizons.
La basse-cour reprit son cours, comme si de rien n’était, comme la plus commune
des basses-cours.
Or, peu de temps après, un comité de personnalités importantes, représentant les
animaux de la planète vint se présenter aux portes de la basse-cour. Le coq en
chef les accueillit :
-« Nous sommes très heureux de votre présence, Messieurs les éminences, très
flattés de votre visite chez nous… »
-« Merci. Mais nous sommes là pour rencontrer l’un des vôtres qui, d’après ce
qu’on nous en a dit, a des particularités extraordinaires. »
-« Ah, vous voulez sans doute parler de Titom, mais il n’est plus là, il est
parti… »
-« Quoi ? Parti ? Mais où donc ? Ce coq-là est un trésor, un joyau… Comment se
fait-il qu’une telle perle rare ne soit pas restée parmi vous, sa famille qui
l’a vu grandir ? »
-« C’était son choix. A dire vrai, il en avait assez d’entendre les railleries
des autres, surtout sur son crâne chauve. »
-« Ah, je vois… C’est bien dommage, car son absence de crête est justement le
signe d’un être exceptionnel, béni du ciel ! »
A ces mots, il y eut des bruissements d’ailes et des chuchotements effarés dans
la basse-cour.
Le représentant du comité des éminences poursuivit :
-« Nous sommes très déçus de n’avoir pas trouvé Titom. Nous allons continuer nos
recherches et espérons que nous pourrons le trouver prochainement pour l’amener
dans un lieu où il sera traité à sa juste valeur, en prince, guide des
animaux. »
Et ils s’en allèrent. La basse-cour était abasourdie. Titom était un prince, et
eux, sa famille, qu’avaient-ils faits ? Ils s’étaient moqués de lui, ils avaient
joué à lui faire du mal, bêtement, méchamment.
Le coq en chef rassembla alors toutes ses troupes et donna ses consignes :
-« Nous allons partir à la recherche de Titom, alors rangez-vous en équipe,
placez-vous en cercle, et que chaque groupe fouille droit devant lui chaque
recoin, chaque buisson… »
Le secteur, la région, le pays furent ratissés. Même les ventres des renards
furent explorés.
Finalement, Titom fut retrouvé, près d’un désert, assoiffé. On le ramena parmi
les siens, où on le soigna du mieux qu’on put.
La santé et le bien-être de Titom étaient devenus l’affaire de tous.
Quand le comité des éminences revint pour rencontrer Titom et l’emmener, loin de
chez lui, il y eut des réactions dans la basse-cour.
Titom les calma d’un geste et tint ce langage aux représentants.
-« Je regrette mais je ne vous suivrai pas. Ma place est là, parmi les miens.
C’est vrai, je suis différent, mais c’est ici que l’on m’a envoyé, et c’est ici
que l’on a besoin de moi… Au revoir, messieurs. »
Ce drôle de coq sans crête, à la fourrure mauve et à la voix rauque incarnait
désormais la tolérance, l’intégration, et bien au-delà l’amour.
Créé le dernier trimestre 2003 par Valérie Bonenfant
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