| |
Un conte où il fait bon enfreindre
les lois parentales…
Kim a reçu pour Noël une jolie boîte à musique. Celle-ci peut aussi bien jouer
de la musique classique qui plaît bien à sa maman, que des mélodies plus
déjantées qui conviennent beaucoup mieux au petit garçon…Rock, rap…De quoi bien
s’éclater !
La boîte à musique
dessin conte pour enfants
Cette année-là, le père Noël amena à Kim, un petit garçon, un drôle de
jouet : une boîte à musique, qui jouait des mélodies quand on soulevait son
couvercle, jusque-là, rien d’anormal.
Mais, ce qui faisait sa particularité, c’était le type de musiques qu’elle
produisait .
Elle avait plusieurs quartiers, et dans chacun, on pouvait dire que ça
déménageait plutôt.
Le premier était le coin du rap. Un jeune pantin, avec un bonnet enfoncé sur la
tête, ondulait de tous ses membres en rythme.
-« Hip-hop, les vieux sont nases, hip-hop, ton maître est ouf… C’est la vie, mon
pote ! Hip-hop, c’est la vie mon pote ! »
Kim chantonnait en bougeant :
-« Ouais, c’est la vie, mon pote ! »
Mais sa maman venait d’entrer dans la chambre. Kim, prudemment, ferma la boîte.
-« Que fais-tu donc, mon chéri ? » demanda-t-elle.
-« J’écoute ma boîte à musique, maman… » répondit le petit garçon, d’une voix
angélique.
-« Ah, la musique » s’extasia la maman, « Mozart, Beethoven, Bach… Quel art
divin ! Continue à te cultiver, mon cœur… »
Et elle quitta la pièce. Aussitôt, Kim rouvrit sa boîte. Cette fois, il choisit
le coin du rock’n roll. Un chanteur, coiffé d’une banane, s’arc-boutait sur un
micro, en tapant vivement du pied. Derrière lui, des danseurs virevoltaient et
sautaient gaiement.
-« One, two, one two three ! It’s a rock, rock, rock’n roll! Life is rock! Be
the rock! Yé!”
-“Yé!” renchérit Kim, qui dansait en même temps, en sautant dans tous les sens…
Mais des pas se firent entendre dans les escaliers.
-« Que se passe-t-il, Kim ? Pourquoi sautes-tu ainsi ? Le plafond tremble
en-dessous. »
-« Oh pardon, maman ! C’est Wagner, tu comprends, c’est entraînant… » mentit
Kim.
-« Ah, tu écoutes Wagner… » se calma, flattée, la maman, « bien, très bien, mais
inutile de sauter trop fort, juste savoure la force de cette musique avec tes
oreilles ! »
-« OK Maan ! » dit le petit garçon.
A nouveau tranquille, Kim revint à sa boîte à musique. Trop cool…
Et il visita maintenant le quartier du hard rock. Quatre personnages, cheveux
longs, T shirts noirs ornés de têtes de mort, armés de guitares électriques,
hurlaient leur révolte et leur rage.
-« Ha ha ha, ho ho ho, hou hou hou ! » criaient-ils avec violence.
Kim cria à son tour. Comme ça faisait du bien ! Comme il se sentait libéré de
hurler ainsi !
Mais apparemment, cela ne plaisait pas à tout le monde, car des pas précipités
se firent entendre dans l’escalier… A nouveau, sa mère déboula dans sa chambre.
-« Mais enfin ! Qu’est-ce que c’est que ces cris ? Tu es devenu fou, ou quoi ?
Montre-moi donc cette boîte à musique ! » dit, d’un ton suspect, la maman.
Et elle arracha des mains du petit garçon, le jouet. Elle l’ouvrit, méfiante, et
s’attendit au pire.
Mais, contre toute attente, une mélodie purement classique s’exécuta. Ce devait
être du Mozart, à moins que ce ne soit du Bach ou du Haendel… En tout cas, rien
à dire, une musique d’un style impeccable.
Kim regardait sa mère, avec de grands yeux innocents et étonnés. Ouf ! Par
chance, sa mère était tombée sur le seul coin classique de la boîte à musique,
si petit que Kim ne l’avait encore jamais trouvé !
Autant dire que cela correspondait exactement aux attentes de la maman, qui
n’aurait pas espéré mieux pour son cher fils qu’elle voulait parfait à sa façon.
-« Je suis étonnée mais je n’ai rien à dire : cette musique est très belle.
Modère ton enthousiasme et tes cris alors. »
-« OK Maan » dit le petit garçon, gentiment et faussement soumis.
Car il connaissait bien, lui, ses préférences. Et elles étaient bien loin du
classique… Ce qu’il aimait, c’était le rythme, plutôt soutenu. Et aussi, des
musiques rebelles qui affirmaient leurs personnalités, loin du conformisme et du
correct.
D’ailleurs, quand il serait grand, il serait certainement musicien.
Mais pas celui que sa maman aimerait : la coiffure lisse, le costume clair, la
cravate, les chaussures vernies, et l’attitude coincée.
Non, lui, ce qu’il voulait, c’était se sentir libre, vibrer avec ses tripes,
affublé de vêtements qui lui ressemblaient.
Et bien sûr, jouer sa musique, celle qui lui correspondait le mieux.
Sûr que sa maman ne serait pas déçue ! Et qui sait peut-être qu’un miracle se
produirait et qu’elle pourrait se laisser toucher par son mode d’expression ?
L’espoir était permis.
Créé le 26 décembre 2005 par Valérie Bonenfant
| |
|