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Pas facile de passer inaperçue
quand on est la plus grande habitante de la mer !
Une baleine en a assez que l’on s’intéresse à elle à cause de sa taille
imposante.
Toute cette condescendance, elle ne la supporte plus !
Mais Léonard, un rouget, va trouver la solution à son problème…
La baleine Germaine
dessin conte pour enfants
Germaine était une baleine qui habitait la grande mer azur.
Elle était devenue au fil des ans très très grande et son immense présence en
imposait. Partout où elle allait, elle était accueillie avec plein de :
-« Bonjour, chère Germaine, comme vous êtes grande, comme vous êtes forte ! »
Ou des :
-« Venez par ici, installez-vous confortablement, votre Grandeur, votre
Puissance… »
Ou bien encore :
-« Vos désirs seront exaucés, chère grande Madame. »
Il y avait toujours autour d’elle une nuée de poissons de tous genres, tous plus
cérémoniaux les uns que les autres.
Germaine était habituée à ces attentions depuis qu’elle était toute petite. Il
faut dire qu’à l’époque, tout bébé, elle était déjà beaucoup plus grosse qu’eux,
et leur en imposait.
C’était comme ça, à cause de sa grande taille, elle n’y pouvait rien.
Un jour, elle se réfugia tristement dans une grande caverne.
Léonard, un petit rouget s’approcha d’elle.
-« Que t’arrive-t-il, belle et puissante Germaine ? » questionna-t-il.
-« Il y en a que j’en ai assez d’être grande, je voudrais être petite comme toi,
pour que l’on ne me remarque plus et que je puisse passer inaperçue. J’en ai
assez qu’on m’accompagne et me suive partout, je voudrais être un peu
tranquille… » dit Germaine, en colère.
-« Je te comprends, c’est vrai que cela ne doit pas être facile tous les
jours… » s’émut Léonard.
-« Oui, pas un endroit où je ne déchaîne un tas d’intérêts. Ils sont bien
gentils tous, mais tellement collants aussi… »
-« Et bien , pourquoi ne leur dis-tu pas qu’ils t’importunent à la fin ? »
-« Oh, j’ai bien essayé, mais ils prennent ça pour un caprice ? Après, c’est
vrai, je ne suis plus dérangée pendant un moment, mais ils laissent des
consignes pour me laisser en paix, et quand je veux me promener comme si de rien
n’était, tout le monde me fuit. Même le calme est organisé, et c’est pesant ! »
-« Ah oui, je vois…Ecoute, il y a peut-être une solution. Elle n’évitera pas de
temps en temps des marques d’attention, mais elle peut te permettre de te
laisser tranquille quelques instants. »
-« C’est vrai ? Oh, dis-moi vite, ça m’intéresse… »
-« Et bien peut-être peux-tu utiliser justement ta force et ta puissance en les
prenant de vitesse. En nageant vite, tu sèmeras à coup sûr tous tes suiveurs et
tu arriveras impromptu à des endroits où tu pourras découvrir les poissons
vivant à leur rythme, avant même qu’ils ne te voient. »
-« Oh, mais c’est une très bonne idée, ça ! Merci Léonard, je vais essayer… »
Et Germaine sortit de la caverne, où aussitôt une nuée de poissons se rua vers
elle.
-« Hé bonjour, Très haute Personnalité, que puis-je faire pour vous être
agréable ? » dit l’un.
-« Que sa majesté est belle, après s’être reposée ! » dit un autre, l’air
émerveillé.
-« Une petite crème adoucissante pour la peau, votre grandissime, élégantiIIII… »
commença à proposer un autre.
Le poisson n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’il fut pris dans un grand
remous qui lui fit boire la tasse. Gloup !
Germaine venait de commencer à battre de la queue et filait déjà à bonne allure…
-« Mais toute puissante reine des mers, quelle agitation ! » dit une sardine
toute essoufflée à poursuivre Germaine.
-« Où allez-vous donc à ce rythme ? » haleta une raie manta en battant des ailes
à toute vitesse !
-« Loin… » lui répondit Germaine, et d’un coup de queue encore plus fort, elle
la laissa dans un grand tumulte de tourbillons.
La raie et les autres poissons étaient largués.
Germaine fonçait maintenant. Elle avait déjà presque traversé entièrement la
grande mer azur, qui se trouva alors agitée de grandes vagues quand elle
s’arrêta soudain.
Dans un petit îlot de rochers dorés, elle découvrit des poissons de toutes les
couleurs qui jouaient avec les reflets du soleil en surface.
-« Qu’ils étaient beaux ! ». Elle les contempla un moment, jusqu’à ce que l’un
d’eux la vit et lui dit :
-« Oh, c’est un honneur de vous accueillir, magnifique spécimen des mers !
Voulez-vous que nous vous présentions notre pays des rochers d’or ? »
-« Volontiers !» répondit Germaine.
Et elle se laissa guider avec plaisir, jusqu’à ce que le cortège derrière elle,
devienne trop insupportable pour elle. Alors, elle battit à nouveau de la queue
et reprit, seule, son voyage.
Elle traversa la mer verte, aux algues merveilleuses, la mer jaune, au fond
sableux et doux, la mer rouge au bon goût de sel.
Elle s’arrêtait parfois, et rencontrait alors les habitants vaquant à leurs
occupations.
Elle partageait avec eux de bons moments, puis, quand la condescendance prenait
le dessus, elle repartait vivre de nouvelles aventures.
Ainsi vécut la baleine Germaine.
Créé au dernier trimestre 2003 par Valérie Bonenfant
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