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Quand une référence de stabilité mondiale se met à vouloir bouger… Tout se
détraque !
Le célèbre méridien de Greenwich se prend d’envie de voyager. Il décroche ses
attaches aux deux pôles, s’amincit, se rapetisse, et s’envole en avion…
Un conte épris de liberté, de voyage… et d’un grain de folie !
Greenwich veut prendre l’avion
dessin conte pour enfants
Tout le monde connaît Greenwich, le méridien qui sert de référence pour donner
les heures, où que l’on soit sur la terre.
Greenwich était fixe, et c’était cela son problème. Coincé à devoir passer par
ce petit village anglais. Tout ça parce qu’il devait indiquer le zéro pour les
autres…
Oui, mais lui dans tout ça ? Il avait beau être une ligne qui traversait le
globe, du Nord au Sud, il n’en avait pas moins des envies. Son rêve depuis
toujours, c’était de prendre l’avion, de s’échapper de ce petit village et de
connaître enfin le monde…
Alors, un jour, il décida de s’esquiver. Il prépara son départ, et dessina en
frottant son dos sur le sol, un trait qui donnerait l’illusion, qu’il serait
toujours là. Parfait, c’était plutôt réussi ! Il ne restait plus qu’à choisir
une destination, et un avion porteur.
-« J’irais bien faire un tour du côté du Mexique… » pensa Greenwich, le cœur
joyeux à l’idée de partir à l’aventure.
Cela tombait bien : un vol pour Mexico était prévu d’ici une heure. Greenwich se
fit le plus fin possible, à peine un mince fil tendu, flottant dans
l’atmosphère. Puis, comme il était un peu long, il se raccourcit, histoire
d’entrer dans l’avion.
Qui aurait pu reconnaître le fameux méridien de Greenwich, dans ce mince trait
quasi invisible ? Hop, le voilà à bord de l’avion ! Pas question de prendre la
place d’un passager… Greenwich s’installa dans le couloir de l’avion, sur le
côté, pour ne pas se faire marcher dessus par les hôtesses. Certes, il avait de
la souplesse… Mais bon, autant éviter de se faire remarquer !
Les réacteurs vrombirent, et le voilà envolé dans le ciel. Si les passagers
s’étaient doutés ! Eux qui avaient tous une montre réglée sur le fuseau de
Greenwich ! Arrivés au Mexique, le méridien fut le premier à sortir du cockpit.
Ah, Mexico ! Les sombreros, les ponchos, les banjos… C’était trop génial !
Affublés d’un grand chapeau, et d’un châle coloré, Greenwich partit visiter le
pays, assoiffé de découvertes.
Les autres passagers de l’avion qui venaient de vérifier l’heure de
l’atterrissage, n’y comprirent rien :
-« I am surpris… Nous are partis à Eight O’Clock in England, et il est encore
Eight O’Clock au Mexique! » s’étonna Djodge.
-« Etrange en effet ! A 8h, à Londres, il faisait nuit… Et à 8h, à Mexico, il
fait jour… » suspecta Holmes.
-« Hum-hum ! J’ai dû trop boire de whisky dans l’avion… Une bonne nuit de
sommeil, et tout sera rentré dans l’ordre ! » conclut Vapessa.
Mais Greenwich venait de terminer sa visite du Mexique, et souhaitait maintenant
se rendre en Australie. Les kangourous le faisaient rêver, comme de gros doudous
tout tendres. Le méridien emprunta donc un autre avion et rejoignit le grand
continent.
-« Ouf ! » dit-il en sortant, « le voyage c’est bien, mais ça engourdit un peu…
»
Pour se détendre, il s’étira les bouts en rejoignant les deux pôles.
-« Mmmmh… Ça fait du bien ! » susurra-t-il, langoureusement.
Ailleurs, les montres s’étaient soudain déréglées et affichaient des temps qui
ne correspondaient pas à la lumière du jour. Les pendules publiques étaient
prises d’assaut. Plus grandes, avec leurs aiguilles rassurantes, elles
inspiraient confiance… Mais, elles aussi, étaient perturbées !
Et ce n’était pas fini ! L’heure changeait au gré des voyages de Greenwich. Et
le monde, il le parcourut, de long en large, du Nord au Sud : pas un coin de
terre, pas une île qu’il ne visitât.
-« Allons bon, ça ne go pas ! » grogna Djodge, « how puis-je être à l’heure à
mon rendez-vous, si l’heure change tout le temps ? »
-« Tout a commencé quand nous sommes partis d’Angleterre. Retournons enquêter
là-bas… » proposa Holmes.
-« Oui, mais alors, comment savoir l’heure du prochain avion pour Londres ? »
demanda Vapessa.
De retour à Greenwich, le subterfuge du méridien fut bientôt découvert.
Greenwich était parti ! Le trait laissé au sol n’était qu’un leurre… Mais
comment retrouver un méridien voyageur dans le monde ? Autant chercher une
aiguille dans une meule de foin !
Alors, on s’adapta. On ressortit les vieux cadrans solaires, et on inventa de
nouvelles machines, qui réussissaient, par des calculs savants, à donner l’heure
exacte, quel que soit l’endroit où on se situa.
Greenwich continua ses nombreux voyages à travers le monde. L’avion était
toujours son moyen de locomotion privilégié.
D’ailleurs peut-être un jour, aurez-vous la chance de voyager avec lui ?
Regardez donc finement au sol dans le couloir de l’avion, et qui sait ?
Peut-être découvrirez-vous un prestigieux passager à côté de vous
Créé le 17 octobre 2007 par Valérie Bonenfant
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