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L’histoire d’une sardine qui a bouché le port de Marseille…
Encore une exagération des gens du Sud, pensez-vous…
Certes, sauf que là, il s’agit d’une opération de sauvetage : préserver les eaux
du port de Marseille d’un terrible virus !
Un conte qu’il fait bon lire, pour retrouver la proximité de la Méditerranée et
de sa vie pittoresque…
Escabèche, la sardine de Marseille
dessin conte pour enfants
Escabèche était une
sardine qui habitait le port de Marseille. Il s’en passait des choses dans ce
grand bassin, des histoires que nulle part ailleurs on ne pouvait entendre.
-« Té vé, c’est jour de marché aujourd’hui ! J’aperçois la mère Léontine et son
grand étalage. Celle-là, elle a beau donner de la voix, y’a pas un Marseillais
qui lui achèterait son poisson ! » dit Aïoli la rascasse.
-« Hé ouais ! Heureusement qu’il y a ces couillons de touristes pour lui en
prendre ! Sinon, elle devrait changer de métier ! » appuya Rius le crabe.
-« S’ils savaient où elle va les pêcher, ses poissons, juste à l’arrivée des
égouts… Si c’est pas malheureux quand même ! L’autre fois, elle a pris un thon,
c’est simple, tellement il avait des boutons, on aurait dit un gyrophare ! »
lança Canisse la girelle.
Escabèche se mêla à la conversation.
-« Peut-être que ce n’était pas un thon marseillais… Un thon avec des boutons
rouges, même à l’embouchure des égouts, on n’a jamais vu ça ! Peut-être qu’il
vient de Russie… » avança-t-elle.
-« De Russie, bonne Mère ! Et pourquoi pas de Papouasie, tant que tu y es ! Il
était de Marseille, comme toi et moi ! » affirma Aïoli.
-« Alors, c’est peut-être qu’il avait la rougeole des poissons. Même qu’il
paraît que ça s’attrape ! » continua la sardine.
-« Il ne manquerait plus que ça ! » gémit la rascasse.
-« Quoi ? » se moqua le crabe, « toi, tu ne risques rien, c’est de naissance que
tu as la rougeole ! »
-« Et toi, c’est la bêtise que tu as de naissance ! » répliqua aussi sec Aïoli.
-« Arrêtez de vous chamailler, tous les deux ! Il n’empêche que s’il y a
vraiment un virus, ce serait bien de le savoir ! » réfléchit Escabèche, à voix
haute.
-« Faudrait peut-être faire un saut du côté de l’embouchure… ? » lança Canisse,
« voir s’il y a d’autres cas ! »
-« Malheureuse, tu veux tous nous contaminer ! » s’affola la rascasse, « qu’ils
les gardent leurs boutons ! Moi, je ne veux pas ressembler à une lanterne rouge…
»
-« Celle-là, pour semer la panique, elle est forte ! Mais pour les idées, par
contre, ça ne va pas chercher bien loin ! » ironisa le crabe.
-« Parce que toi, Môssieu Rius, tu en as peut-être des idées ? » questionna,
d’un ton enflé, Aïoli.
-« Moi, j’ai une idée ! » s’exclama Escabèche. « Je vais me faire assez grosse
pour boucher le port de Marseille, et comme ça, j’empêcherai les microbes de
passer ! »
-« Ca alors ! Tu ferais ça ! » dit Canisse, épatée.
-« Hum hum, Escabèche, ne le prends pas mal, mais il me semble que tu es un peu
pitchounette pour un projet pareil… » émit le crabe.
-« Té vé, le voilà à l’œuvre, Môssieu Rius, et ses idées… Hé, si elle te dit
qu’elle va boucher le port de Marseille contre les microbes : laisse-là faire… A
moins que tu aies mieux à proposer, peut-être ? » s’emporta la rascasse.
-« Non, c’est bon… Fais ce que tu as à faire, petite… » dit-il en s’adressant à
la sardine.
-« Courage ! » lança Canisse la girelle, en voyant partir Escabèche.
Celle-ci fila vers l’entrée du port et se mit en position.1, 2, 3 : elle gonfla
d’eau ses branchies. 4, 5, 6 : elle travailla à allonger sa queue. 7, 8, 9 :
elle fit pousser ses écailles. 10, 11, 12 : elle joua des nageoires…
Voilà, elle atteignait maintenant une taille raisonnable. Il ne lui manquait
plus que quelques mètres et elle pourrait toucher les deux côtés du port. Alors,
elle étira au maximum ses arêtes, pour s’allonger encore plus.
Ca y est ! Elle avait réussi ! Le port de Marseille était bouché ! Les virus
étaient cantonnés à l’autre côté. Telle une barrière infranchissable, la sardine
retenait tout ce qui se présentait au large. Pas un pointu qui ne puisse
retourner à son anneau, pas un poisson autorisé à faire une virée dans le port,
ni même une crevette…Et surtout pas un virus !
Escabèche fermait le passage à tout. Ca alors ! Même les Marseillais n’en
revenaient pas ! Une sardine qui bouchait le port de Marseille : quand ils
allaient raconter ça aux Parisiens ! On allait encore dire qu’ils exagéraient !
Surtout qu’un jour, ils se réveillèrent…Et c’était fini !
La sardine était partie, le port était à nouveau ouvert ! Aussitôt, tous les
pêcheurs s’embarquèrent précipitamment dans leurs pointus : ils auraient bien
voulu la pêcher cette fabuleuse sardine !
Malheureusement, ils ne capturèrent rien d’autre que les habituels poissons de
roche, juste bons pour la bouillabaisse…
Ah, ça alors ! On n’avait pas fini d’en parler de la sardine qui boucha le port
de Marseille…
Créé le 22 avril 2007 par Valérie Bonenfant
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