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Un
conte où l’on découvre que le vieillissement ne consiste pas seulement à faner
la beauté des êtres mais peut être source de richesse…
Crin-crin, une perruche, qui a gagné de nombreux concours de beauté se trouve
désormais reléguée aux dernières places à cause de son âge et le vit très mal.
Mais elle va rencontrer un bébé pie qui va lui redonner la joie de vivre…
Crin-crin la perruche
dessin conte pour enfants
Crin-crin était une magnifique perruche. Elle avait gagné tous les concours
de beauté organisés : son charme, son allure racée, ses couleurs éclatantes…
Tout cela lui valait à chaque fois les faveurs du jury !
Crin-crin se rengorgeait alors et prenait la pose pour que tous aient le regard
attiré par elle. Les commentaires étaient toujours flatteurs :
-« Cette Crin-crin, quelle classe ! Regardez-moi ce plumage, c’est une œuvre
d’art ! »
-« Oui, même son bec est recourbé en un arc parfait… Et ses yeux, vous avez vu
les reflets changeants à l’intérieur, c’est fascinant ! »
-« En plus de ça, elle est d’une éducation parfaite. Jamais elle ne fait un
écart de langage… C’est divin de l’écouter parler ! »
Crin-crin soignait ainsi son image avec beaucoup d’énergie. Sa nourriture était
calculée de manière à ce qu’elle maintienne sa ligne juste ce qu’il fallait .
Elle prenait des vitamines pour donner plus d’éclat à son plumage. Et elle
s’entraînait chaque jour à réciter des vers qui lui donnaient une diction
parfaite.
Mais Crin-crin vieillissait et avec l’âge surgissaient quelques petites rides
que la pauvre perruche s’évertuait à dissimuler. Elle réussit ainsi à se
maintenir pendant quelques années, mais un jour vint, où le jury du concours de
beauté, impitoyable, la reclassa derrière une jeune et éblouissante perruche des
îles.
Cette fois, Crin-crin ne pouvait plus faire illusion.
Oui, elle avait vieilli et perdu en grâce et en beauté… Mais qu’allait devenir
sa vie ? Comment accepter de ne plus être le centre des regards admiratifs ?
Ce n’était plus possible, plus rien n’avait d’intérêt…
La pauvre ressentit cruellement la douleur de vieillir. En plus, comme si la
déception de sa défaite ne suffisait pas, voilà que plus personne ne
s’intéressait à elle.
Tout le monde était désormais tourné vers les jeunes et belles prétendantes…
Quelle injustice !
Elle décida alors de changer de quartier. Puisque ce monde de la beauté éphémère
ne la voulait plus, hé bien c’est elle qui allait partir, et définitivement.
Et elle alla installer son nid plus loin dans des bois proches des vergers.
Désabusée, ne croyant plus en rien, elle ne sortait de chez elle que pour
chercher à manger.
Ce fut là qu’elle croisa Jackie, un des bébés de la famille Pie.
-« Bonjour » dit-il, « je m’appelle Jackie. Et toi, comment t’appelles-tu ? »
-« Crin-crin » répondit la perruche
-« Que t’as de jolies plumes ! Moi, je ne pourrai jamais en avoir comme ça.
Quand je serai grand, je serai tout noir, comme toutes les pies… » dit Jackie.
-« Moi, je te trouve très joli comme ça, et puis si tu veux, un jour, je te
donnerai une de mes plumes… » proposa Crin-crin.
-« Oh c’est vrai ! T’es trop géniale ! Super ! » s’enthousiasma Jackie.
Crin-crin sourit et lui dit:
-« Dis-moi laquelle te ferait plaisir que je te la réserve… ! »
-« Oh la bleue là, sur ton dos, elle est trop belle ! »
-« Pas de problèmes, viens la chercher dans une semaine, elle sera prête ! »
Et voici comment débuta une rencontre qui n’en finit pas de combler de bonheur
Crin-crin… et Jackie aussi !
Tous deux, malgré leur différence d’âge, devinrent très proches et se trouvèrent
de multiples centres d’intérêt : ils jouaient ensemble au jeu des pions, se
racontaient des histoires, faisaient de beaux dessins.
Un lien très fort les unissait désormais.
La famille de Jackie, étonnée de le voir disparaître des journées entières,
s’enquit de connaître Crin-crin.
Et bientôt, ils l’adoptèrent aussi, à l’unanimité.
Crin-crin ne fut ainsi plus jamais contrariée par ses rides, ou le manque
d’éclat de son plumage.
Au contraire, elle savait que cela lui donnait un charme et une profondeur
qu’elle n’avait pas jusqu’alors.
Elle acceptait le passage du temps avec bienveillance. Après tout, n’était-il
pas son ami, lui qui lui avait permis de croiser la route de ce petit être
merveilleux qu’était Jackie, et de sa sympathique famille ?
Crin-crin avait trouvé l’essentiel : la valeur des vrais liens pouvant unir des
personnes, fussent-elles étrangères et différentes !
Créé en 2003 par Valérie Bonenfant
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