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L’histoire d’une guerre ancestrale
entre deux poulaillers voisins…
Mais un jour, le renard malin arrive et croque une poule de chaque village. Cet
incident dramatique va susciter une solidarité salutaire entre les volailles des
deux poulaillers, dont le renard va faire les frais, à ses dépens…
Coquelou contre Poulettou
dessin conte pour enfant
Il existait quelque part
deux poulaillers voisins qui cohabitaient à un cours d’eau d’écart. L’un
s’appelait Coquelou et comportait une centaine de volatiles… L’autre se nommait
Poulettou et était à peine plus gros.
Depuis des lustres, ces deux basses-cours se menaient une concurrence sans
pitié, dans des domaines aussi variés que la ponte des œufs : Poulettou arguait
de la quantité d’œufs produite, supérieure à celle de Coquelou, qui défendait,
lui, une qualité incomparable.
De la même façon, Poulettou faisait valoir un aménagement organisé de la
basse-cour, alors que Coquelou privilégiait le bien-être de ses habitants,
installés comme ils leur plaisaient.
Tout était prétexte à opposition, les deux poulaillers n’étant à priori d’accord
sur rien.
Or, un jour, vint roder un vilain renard, affamé. Peu importait Coquelou ou
Poulettou, ce qui l’intéressait, lui, c’était une belle poule à se mettre entre
les dents.
Justement, en voilà une qui arrivait ! Le renard se tapit derrière un buisson,
et Hop, l’attrapa.
Il la croqua goulûment jusqu’à la dernière plume.
Le soir venu, Coquelou signala la disparition de l’une des siens.
-« Alerte, Coquette a disparu ! »
-« Je l’ai vu ce matin errer du côté de Poulettou… » dit Coquelin.
-« Oh, mais ils n’auraient quand même pas osé la kidnapper, ces vauriens de
Poulettou ! » dit Coquenchef.
Aussitôt, une délégation de Coquelou partit vers Poulettou. Ils se heurtèrent à
un accueil plutôt froid des gens de Poulettou :
-« Que voulez-vous ? Vous n’êtes pas les bienvenus ici, rentrez chez vous ! »
-« Nous venons chercher Coquette que vous avez kidnappé, pour la ramener à
Coquelou ! »
-« Il n’y a pas de Coquette ici. Jamais, nous n’hébergerons un habitant de ce
village d’attardés qu’est Coquelou ! Ce serait lui faire trop d’honneur ! » dit
Poulettos.
-« Ce ne se passera pas comme ça, nous ne nous laisserons pas faire, grrrh ! »
Et l’on put assister à une belle bataille de basses-cours, où poussières, plumes
et paille volèrent en nuage au-dessus de Poulettou.
Quelque temps plus tard, le méchant renard revint, toujours affamé :
-« Miam miam, la dernière fois que j’étais venu par ici, je m’étais régalé.
Voyons voir un peu ce qui traîne aujourd’hui… »
Et il découvrit une poule bien grasse et bien dodue qui arrivait. Ni une ni
deux, le renard lui sauta dessus, et la dévora !
Le soir venant, Poulettou était dans tous ses états.
-« Alerte, Pouletta n’est pas rentrée au poulailler ! Vite, il faut la retrouver
avant la tombée de la nuit ! »
-« C’est sans doute Coquelou. Ils ont dû nous la prendre en contrepartie de
Coquette qui a disparu ! » dit Pouletté, tout excité.
-« Tu oublies que nous ne sommes pour rien dans la disparition de Coquette.
Allons voir plutôt aux alentours si nous trouvons des indices… » suggéra
Pouletenchef.
Ce fut Poulettine qui trouva la première les sinistres restes de la malheureuse
poule : quelques plumes ensanglantées, et ses pattes dans un fourré.
Tout autour, des empreintes du terrible ennemi tant redouté, le renard ! Il y
avait urgence.
Pouletenchef prit aussitôt les mesures nécessaires : un renforcement matériel du
poulailler, des tours de garde augmentés, et une interdiction absolue de quitter
la basse-cour.
Comment se débarrasser de ce dangereux prédateur ?
Une fois n’était pas coutume, Pouletenchef alla quérir ses ennemis de toujours,
Coquelou, pour réunir leurs forces. Il leur dit :
-« Habitants de Coquelou, l’heure est grave ! L’une des nôtres, Pouletta, a
disparu, mangée par un terrible renard. Voilà hélas, ce que nous avons retrouvé
d’elle ! »
Et il montra les plumes tâchées de sang, et les restes de pattes. A cette vue,
plusieurs poules de Coquelou défaillirent.
-« Ciel ! Quelle horreur ! C’est terrible ! »
Pouletenchef enchaîna :
-« Et j’ai de bonnes raisons de penser que Coquette, votre consoeur, a été aussi
sa victime… Nous devons nous unir pour combattre ce criminel ! »
Tout Coquelou fut pour une fois d’accord avec Pouletenchef.
-« Alors voilà mon plan : nous allons tendre un piège à cet infâme dans le cours
d’eau. Pour cela, nous allons construire un pont entre nos deux villages avec
une trappe au-dessus de la rivière. Quand il passera dessus, il tombera et le
courant l’emportera… »
Aussitôt, toutes les poules de Coquelou et Poulettou se mirent au travail.
Bientôt, le pont fut terminé : on put voir dans cette réalisation l’efficacité
des gens de Poulettou et le soin de ceux de Coquelou. C’était une réussite.
Il ne restait plus qu’à coincer le vaurien.
Coqueline et Poulettane allaient servir d’appât. Toutes deux marchèrent sur le
pont, longuement, nonchalamment, en piaillant fortement, comme de vieilles
amies.
Le renard était en vue : il approchait, de plus en plus près, là, tout contre !
Voilà, il sautait ! Un bond de l’autre côté, et il se retrouva dans la trappe du
pont, d’où il dégringola, à grand fracas.
Un gros plouf, un peu d’écume, et déjà le tourbillon l’emportait loin des lieux.
-« Hourrah ! » clamèrent en chœur Coquelou et Poulettou.
-« Nous avons gagné ! »
Et voici comment deux villages devinrent amis et solidaires, après des décennies
de disputes et de rivalités.
Et le pont maintenu entre les deux poulaillers symbolisait le lien qui existait
désormais entre les deux basses-cours.
Créé le 8 décembre
2003 par Valérie Bonenfant
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