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Un conte où l’on apprend pourquoi
certaines oranges de Méditerranée sont devenues amères… C’est Coca, une orange
douce au départ qui a initié le phénomène… Pour elle, pas question en effet de
se laisser manger sans rien tenter…
L’histoire d’une idée qui depuis, a fait du chemin, en convertissant à sa cause
de nombreuses oranges méditerranéennes !
Coca l'orange amère
dessin conte pour enfants
Il était une fois une orange qui s’appelait Coca. Elle avait poussé sur un
bel oranger, près de la mer Méditerranée, au soleil.
Alors qu’elle grandissait, elle vit des oranges pleines et charnues être
cueillies, et qui, ensuite, avaient été soit croquées goulûment, soit pressées
et transformées en un pulpeux jus de fruits.
-« Mais c’est terrible… » se dit Coca, « alors moi aussi, quand je serai grande,
on va me cueillir et me manger ! Oh, mais je n’ai pas envie… Que pourrais-je
donc faire ? »
Coca réfléchit à loisir sur son arbre et imagina plein de plans de défense :
-« Je vais me faire pousser des piquants, comme ça, on ne pourra pas
m’attraper… »
Ou encore :
-« Je vais changer ma couleur de peau, et prendre celle du feuillage et des
branches. Ainsi camouflée, on ne me découvrira pas ! »
Ou bien :
-« Je vais me détacher et m’échapper en roulant, dès qu’on s’approchera de moi
pour me cueillir. C’est sûr qu’ils ne m’auront pas ! »
Mais Coca eut beau essayé de mettre en œuvre tous ses stratagèmes, aucun hélas
ne réussit ;
-« Oh scrogneugneu, le temps passe, me rend appétissante, et je ne suis pas
parvenue à me défendre… » se dit-elle.
Une voix voisine lui répondit.
-« Qu’essaies-tu donc de faire Coca ? Tu ne vois donc pas que la partie est
perdue d’avance. Tu seras mangée, comme nous toutes, ici présentes. Un point
c’est tout. Inutile de faire des efforts qui ne servent à rien… »
Coca leva les yeux et vit au-dessus d’elle, une grosse orange repus, la mine
résignée, qui la regardait avec pitié.
-« Non ! » dit-elle, « peut-être que je serais mangée, mais il ne sera pas dit
que je n’aurai rien tenté… D’ailleurs, j’ai une autre idée… »
Oui, ça, ça allait marcher, car cette fois elle se sentait parfaitement capable
de mener ce projet à bien.
De quoi s’agissait-il ? Hé bien, de se donner un mauvais goût, une saveur amère
qui allait, à coup sûr, dégoûter les mangeurs d’oranges.
Et elle commença son travail. Elle communiqua à son bon goût sucré d’origine,
une teinte d’abord acide, puis amère.
Une tranche, puis deux, puis trois… Enfin, elle se sentit complètement imbibée.
Là, elle avait réussi ! Sûr qu’avec ce goût amer, on ne la mangerait pas !
Elle n’était pas encore mûre et prête à être mangée, alors elle en profita pour
faire des adeptes.
Elle communiqua à toutes les jeunes oranges qui poussaient derrière elle, sa
recette pour devenir infecte, et leur recommanda de se mettre dès maintenant à
l’œuvre. Les anciennes écoutaient, certaines avec intérêt, d’autres avec
défiance.
-« Ça ne sert à rien de faire cela ! Vous allez attirer à notre arbre, les pires
ennuis… Écoutez plutôt nos sages conseils… »
Mais les jeunes oranges préféraient suivre les leçons de Coca. C’était plus
rigolo, de devenir infecte, et de faire une mauvaise blague aux croqueurs
d’oranges… Elles s’en amusaient d’avance !
Un jour, une main étrangère s’approcha de Coca pour la cueillir. Son heure était
venue.
Coca contempla sa croqueuse, avec un sourire narquois. Le moment approchait. Ca
y est, on l’avait arraché de son arbre et on s’apprêtait à l’éplucher.
Bientôt, elle fut mise à nu. C’est là que ça devenait amusant. En effet, des
dents mordirent sa pulpe… et recrachèrent le morceau dans un grand « BERK ! ».
-« Mais, mais, mais… Qu’est-ce que c’est que cette orange, elle est pourrie ou
quoi ? »
Une autre orange du même arbre fut saisie. Le même scénario se reproduisit,
jusqu’à la conclusion, également identique…
-« BERK ! Mais c’est infecte ! Ce goût…BERK ! »
Sur l’arbre, toutes les oranges, sans exception, rigolaient. Au sol, Coca et sa
voisine, s’amusaient bien aussi.
C’était trop drôle ! La nouvelle fit le tour des orangers.
Et bientôt, la plupart des orangers sauvages de la Méditerranée, adoptèrent le
goût amer.
Du côté des mangeurs d’oranges, on n’y comprit rien. Sans doute une évolution
génétique… A moins que ce ne soit un coup de la pollution atmosphérique… Ou bien
encore, l’effet supposé d’un parasite non encore identifié…
C’était mystérieux ! Mais, à la longue, on s’y habitua.
Après tout, il existait bien des pamplemousses et des citrons acides, alors
pourquoi pas des oranges amères ?
C’était de la même famille…
Créé le 1er trimestre 2004 par Valérie Bonenfant
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