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Quand prendre trop de hauteur
déconnecte du monde…
Chokino est un aigle qui sait fournir de précieux conseils. En effet, il lui
suffit de voler en altitude et il trouve alors la solution aux problèmes !
Mais, cette fois, le cas qu’on lui présente est des plus ardus.
Pour mieux le résoudre, Chokino s’élève, s’élève… et décroche !
Chokino, l’aigle pensant
dessin conte pour enfants
Chokino était un aigle dont les conseils, très appréciés, étaient souvent
sollicités.
En effet, il arrivait toujours à démêler les problèmes compliqués qui lui
étaient posés.
Il ne donnait jamais sa réponse immédiatement. Mis au courant de l’affaire, il
partait alors faire un vol, prenait plus ou moins d’altitude en fonction de la
complexité du sujet.
De là-haut, les ailes largement déployées, pour planer au maximum, il
reconsidérait la situation et finissait toujours par trouver une solution.
Une fois redescendu, il informait alors les demandeurs des suites à donner. Et
ceux-ci écoutaient et repartaient, tout heureux d’avoir enfin une issue à leur
problème.
Un jour, Chokino fut saisi d’une affaire particulièrement compliquée. Il
s’agissait de désembrouiller une histoire qui s’étalait sur plusieurs
générations. Ce fut Judith, la pie qui, s’estimant lésée, lui raconta :
-« Et bien voilà, je n’arrive pas à récupérer une bague qui appartenait à mon
arrière arrière arrière grand-mère, elle-même l’ayant trouvé au pied d’un arbre.
Or, je suis sa descendante directe. C’est à moi qu’elle doit revenir. Ma cousine
Mémène détient en ce moment la bague et ne veut pas me la remettre, sous
prétexte qu’on lui a dit que mon arrière arrière arrière grand-mère l’avait
volée à son arrière arrière arrière grand-mère à elle. C’est un mensonge… Et la
bague me revient de droit ! »
L’aigle écouta l’histoire jusqu’au bout et partit méditer dans le ciel. Hum,
hum, cette affaire paraissait bien ardue.
Là, il fallait encore monter plus haut que d’habitude pour réfléchir. Il était
au niveau des nuages et se laissa planer.
-« Voyons voir, hum-hum, que je me concentre… »
Il resta ainsi plusieurs heures mais sans succès. Il avait beau tourner
l’affaire dans tous les sens, il n’arrivait pas à trouver la clé. Il décida
alors de monter d’un cran.
Les vents se faisaient de plus en plus violents, et Chokino se trouva plusieurs
fois emporté.
A un moment, il fut pris dans un grand tourbillon et se trouva aspiré vers le
ciel profond.
Il atteignit les étoiles, perdu, la terre brillant au loin.
Gloups ! Là, plus question de penser ! Il fallait revenir sur terre… Il battit
des ailes du mieux qu’il put, mais le vent soufflait si fort, qu’au lieu
d’avancer, il faisait du sur-place.
En plus, il commençait à fatiguer. Tant pis, il lui fallait se reposer, autant
se laisser porter sans effort.
Il fit ainsi le tour de la terre, puis fut emporté vers la lune, avant d’être
ramené à nouveau vers la terre, dans une brise puissante.
Dans ce voyage tumultueux, Chokino avait été plutôt secoué : ses plumes étaient
toutes décoiffées, son bec s’était un peu plus recourbé, ses pattes s’étaient
tordues.
En outre, le pauvre fut projeté brusquement sur le sol, dans un courant d’air
particulièrement dévastateur.
Il atterrit juste à côté de Judith la pie, et de ses partisans.
Sa cousine Mémène était aussi présente, accompagnée des siens, et l’attendait de
pied ferme.
Toutes les deux se disaient :
-« Ah, on va bien voir qui est-ce qui a raison… Et gare s’il ne va pas dans mon
sens ! »
Un peu déboussolé, Chokino les considéra toutes deux avec étonnement.
-« Ah oui, c’est vrai, la bague… »
-« Alors ? » demanda Judith.
-« Oui, alors ? » renchérit Mémène.
-« Heu, et bien… » répondit Chokino, « à vrai dire, je n’ai pas trouvé…»
-« Quoi ? » s’exclama Judith.
-« Mais il se moque de nous ! » cria Mémène.
Et toutes les deux tombèrent à pattes raccourcies sur le pauvre aigle, qui
n’avait pas besoin de ça pour se refaire une santé !
Il était maintenant plein de bosses, avec les yeux pochés.
Pauvre Chokino ! A vouloir conseiller de trop haut, voilà ce qui arrivait… Et il
préféra désormais réserver ses vols d’altitude à son plaisir personnel, et à ses
réflexions intimes.
Créé le 1er trimestre 2004 par Valérie Bonenfant
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