| |
Le conte d’un choix difficile : le cheval ou la moto ?
Pour Caroline, c’est depuis toujours son cheval…
Mais pour Stéphane, c’est la moto, sa puissance, sa vitesse, son bruit grisant…
Alors, Stéphane va-t-il convertir Caroline à sa cause ?
A moins que ce ne soit le contraire… !
Caroline et son cheval
dessin conte pour enfants
Caroline était une jeune
fille qui adorait les chevaux. Depuis qu’elle était toute petite, elle
compulsait les revues d’équidés, fréquentait les paddocks, et rêvait d’avoir un
jour son cheval à elle.
Son souhait fut exaucé à l’aube de ses quinze ans, ses parents ayant été
sensibles à sa passion. Pour elle, ce fut le plus beau jour de sa vie, celui de
sa rencontre avec Jenna, une jolie pouliche, fringante et pétillante, avec qui
le courant passa tout de suite. Caroline et Jenna ne se quittèrent plus. Dès son
retour de l’école, Caroline filait à l’écurie pour retrouver sa pouliche.
Et que je la brosse, et que je la bichonne, et que je lui cure les sabots…
Autant de soins qui comblaient de joie la petite. Mais son plus grand plaisir
était de la chevaucher, et de partir au grand galop à travers champ. Quelle
griserie ! Quelle merveilleuse sensation de liberté, rythmée par le claquement
des sabots ! Quelle évasion hors du temps, hors du monde, hors de portée…
Un jour, un ami de classe, Stéphane, vint proposer à Caroline de lui faire
essayer sa moto toute neuve :
-« Tu verras, Caro, avec cet engin, tu te sens décoller comme une fusée. Sa
vitesse est phénoménale ! Quand tu l’auras essayé, je suis sûr que tu trouveras
le galop avec ton cheval, très lent… Tu vas voir comme ça ronfle, tu vas être
impressionnée… ! »
Caroline ne se sentait pas vraiment attirée par les motocyclettes, mais Stéphane
insistait tellement qu’elle finit par céder.
-« OK, Steph, ce soir à 17h, après le collège, j’essaierai. Mais je ne pourrai
pas rester plus d’un quart d’heure. Après, je dois aller m’occuper de Jenna ! »
-« Pas de problème ! En un quart d’heure, avec ma moto, tu as le temps de faire
l’aller-retour Paris-Marseille » fanfaronna le garçon.
A 17h, ce soir-là, tout était prêt pour l’essai de Caroline.
-« Alors Caro, je t’explique. Plus tu tournes la poignée, et plus tu vas aller
vite. Ne t’inquiète pas pour le bruit, c’est normal, le moteur est super
puissant ! Rends-toi compte, c’est l’équivalent d’au moins quatre chevaux !
Allez tiens, voilà les clés, et bon vent ! »
Caroline enfourcha sa monture et mit en route la machine. Fichtre ! Comme
c’était lourd, cet engin ! Alors, elle tourna la poignée.
Dans un tonnerre pétaradant, la jeune fille démarra, la tête presque arrachée
par la secousse. Pas facile à diriger cet engin, quel effort ! Petit à petit,
elle s’adapta à la conduite, et gagna en assurance.
C’était vrai, ça allait très vite. Le paysage défilait sur ses côtés, sans
qu’elle n’eût le temps de rien capter. Et ce bruit assourdissant, ça lui faisait
mal aux oreilles ! Certes, elle avait déjà eu l’occasion de l’entendre
quelquefois quand un de ces cycles passait au loin, sauf qu’alors, cela n’avait
pas duré longtemps…
En outre, quand elle dut s’arrêter à un feu rouge, elle baigna dans un nuage de
fumée noire, qui la fit tousser. Beurk ! Quelle horreur, cet engin ! Vite, elle
allait le rendre à Stéphane, et retrouver sa chère pouliche. L’essai était
terminé, et c’était tant mieux !
-« Alors Caro ? Conquise ? » questionna Stéphane.
-« Non, pas vraiment ! » répondit Caroline, « ta bécane, c’est le contraire de
la liberté : rien que des nuisances cumulées ! Rien à voir avec mon cheval ! A
demain, Steph ! »
Elle rentra vite fait chez elle et goûta le plaisir de retrouver Jenna. En plus,
elle au moins, elle était joyeuse de la revoir, alors que cette moto était
glaciale, sans vie.
-« Ce soir, balade ! » lança gaiement Caroline à Jenna.
La selle, le harnais, les étriers… Tout était prêt. Caroline chevaucha sa
monture et lui parla doucement, en lui flattant l’encolure.
-« Va, ma belle, dans le grand champ aux coquelicots ! A l’allure que tu
préfères ! »
Arrivée au pré, la pouliche se lâcha et galopa de tout son soûl. Caroline,
transportée par la vitesse, riait aux éclats.
Elle sentait sous ses jambes les muscles de l’animal bouger. C’était bon,
c’était chaud, c’était vivant ! Sans aucune comparaison avec la moto ! Pauvre
Stéphane ! Ce plaisir-là lui était complètement inconnu !
Alors, de manière tout à fait exceptionnelle, Caroline invita le jeune garçon à
faire un tour sur Jenna, histoire de l’initier à la liberté. Ce n’était pas
gagné, car autant le jeune homme semblait à l’aise avec sa moto, autant face au
cheval, semblait-il tout penaud, presque peureux !
Au fil du temps, il s’apprivoisa à l’animal, et la pouliche l’accepta également.
Il put monter, marcher au pas, puis trotter (aïe les fesses !), et même galoper…
Dès lors, sa passion pour la moto s’émoussa. Il s’en débarrassa et décida de
s’acheter, en lieu et place, un poulain, qu’il baptisa Ronny, et qui devint le
compagnon de Jenna.
Créé le 8 janvier 2007 par Valérie Bonenfant
| |
|