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Un conte où la magie fait place à
l’amour…
Sollicité pour guérir une maman, Caramandran le magicien, va au fil de ses
formules, ouvrir son cœur à des sentiments qui vont combler une jeune dame et sa
petite fille…
Caramandran le magicien
dessin conte pour enfants
Il était une fois un magicien qui s’appelait Caramandran. Il était vêtu d’une
grande tunique bleue sur laquelle étaient dessinées de belles étoiles à cinq
branches.
Il possédait également un long chapeau pointu, tout noir avec des pois dorés.
Son allure ne manquait pas de prestance, mais ce qui frappait le plus chez lui,
c’était ses yeux, ou plutôt son regard : sombre, pénétrant, appuyé…
Quand il posait ses yeux sur quelqu’un, aussitôt celui-ci se sentait saisi,
introspecté, comme si une lame entrait dans son cœur.
Et Caramandran n’avait pas encore exercé ses pouvoirs ! Après, les effets
étaient pires !
Suivant la formule qu’il choisissait, on se sentait ballotté, secoué, ou encore
étiré dans tous les sens. C’était terrible !
D’ailleurs, très peu de gens au final, ne souhaitaient bénéficier directement de
la magie de Caramandran. C’était plutôt pour leurs proches, leurs amis, leurs
voisins…
Le simple fait de s’approcher du magicien les impressionnait au plus haut point.
Il fallait affronter ce regard, et c’était terrifiant.
Caramandran, lui, savait que ses yeux faisaient peur aux gens. Et cela lui
permettait d’éviter les importuns.
Au moins, les personnes qu’il recevait étaient vraiment motivées, elles avaient
osé dépasser leur peur…
Caramandran jouait de son regard : il le maquillait avec de grands traits noirs,
qui le rendaient encore plus profond. Il le maintenait fixe de longs moments,
car l’immobilité figeait les gens.
Enfin, parfois, il roulait les yeux dans un sens puis dans l’autre, et cela
produisait un effet des plus inquiétants.
Mais un jour, une petite fille vint le voir avec de grands yeux limpides. Elle
lui demanda :
-« Caramandran, grand magicien, nous avons besoin de toi. Ma maman est très
malade, et je n’ai plus qu’elle… S’il te plaît, fais qu’elle guérisse. »
Elle le regardait droit dans les yeux, et l’implorait d’une voix chevrotante.
Caramandran se sentit touché.
-« Petite fille, ma magie ne peut rien pour la santé des personnes. Je
regrette… »
La fillette baissa les paupières tristement. Ainsi, elle était très émouvante.
Quand une larme coula de ses paupières, Caramandran fondit.
-« Ne pleure plus, petite fille, ne t’inquiète pas, je vais m’occuper de ta
maman. »
Aussitôt, une lueur d’espoir brilla dans les yeux clairs de la petite. Celle-ci,
de nouveau en confiance, lui adressa un sourire heureux. Pour la première fois
de sa vie, le regard de l’enchanteur se voilà. De manière étrange, celui-ci
devint tendre et protecteur.
-« Hum-hum » dit-il, « et si tu m’emmenais près d’elle ? »
La petite fille le prit alors par la main, et le conduisit à sa maison. A
l’intérieur, c’était très sombre, et il y faisait très froid. Au fond, sur un
lit, était couchée une femme, toute recroquevillée. Elle toussait très fort.
Caramandran s’approcha d’elle, et lui toucha le front : il était brûlant. La
pauvre avait de la fièvre, elle tremblait de tout son corps. La petite dit alors
à sa maman :
-« Maman, je suis venue avec Caramandran. C’est un grand magicien, tu vas voir,
il va bien s’occuper de toi… »
Et elle jeta à Caramandran un regard si enthousiaste et chaleureux, que le
magicien s’en sentit tout chamboulé.
-« Hum-hum » fit-il, « je me mets au travail… »
Il prononça une formule magique :
-« BOLOMBROM-BROM-CHOUF-CHOF-CHAF ! »
Et soudain surgit dans la pièce, une grande cheminée au bon feu de bois. Bientôt
régna dans la maison une douce chaleur bienfaisante.
Puis, il continua :
-« CHOROM, GLOUP, MAM… »
Et apparurent, de manière inattendue, deux bols de soupe, un grand et un petit.
Caramandran dit à la petite :
-« Donne le grand bol à ta maman, l’autre est pour toi. »
La petite s’exécuta aussitôt. La maman avala d’un trait, puis s’endormit.
Le magicien conclut alors :
-« BROM-CATAM-CHOUF-CHO ! »
Et une couverture bien moelleuse se posa doucement sur les épaules de la maman.
-« Attendons maintenant qu’elle se réveille… »
La petite et le magicien s’assirent au chevet du lit. De longues heures plus
tard, la mère enfin, bougea. Elle ouvrit les yeux et rencontra le regard de
Caramandran, doux et attentif.
Puis, elle vit sa fille à côté, et un grand sourire s’afficha sur son visage.
Elle ouvrit ses bras :
-« Maman, tu es guérie ! » cria de joie la fillette, en se jetant dans les bras
de sa mère.
L’étreinte se prolongea, et Caramandran s’apprêtait à sortir sans faire de bruit
pour ne pas les déranger.
-« Ma chérie, qui est ce monsieur ? » demanda alors la maman.
-« C’est Caramandran, un gentil magicien. C’est grâce à lui que tu es guérie… »
La maman se releva de son lit et s’approcha du magicien. Ses yeux étaient aussi
clairs et intenses que ceux de sa fille, et le magicien n’y fut pas insensible.
Ciel ! Que lui arrivait-il ? D’abord la fille et maintenant la mère ! Il ne
savait plus que penser !
La maman s’approcha de lui et lui dit :
-« Merci ! » et déposa doucement sur ses joues un tendre baiser.
Caramandran devint rouge comme une tomate et, de bonheur, s’évanouit.
La mère et la fille le transportèrent sur le lit et s’occupèrent de lui : elles
lui ôtèrent son chapeau, lui enlevèrent son maquillage voyant, et attendirent
qu’il reprit connaissance.
-« Il est beau comme ça, n’est-ce pas maman ? » questionna la petite fille.
-« Oui, il est très beau, ma chérie… » confirma la maman.
Quand il se réveilla dans cette maison chaleureuse, Caramandran se sentit
transformé. Il goûtait comme une douce présence près de lui, et se dit qu’il
était vraiment bien en ce lieu.
Dans une de ses mains, une menotte, celle de la petite fille, et dans l’autre,
une fine et jolie main qu’il serra passionnément.
Caramandran ne quitterait plus cette maison, il le savait.
Il renonça à son métier de magicien pour devenir le plus aimant des époux, et le
plus tendre des papas.
Ils vécurent tous très heureux, et eurent de nombreux enfants.
Créé le 30 septembre 2004 par Valérie Bonenfant
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