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Les malheurs d’un jardinier qui
n’avait écouté que lui-même pour choisir l’endroit de son potager…Or, cet espace
était occupé avant lui par les animaux qui l’appréciaient en l’état, et en
avaient fait leur lieu de villégiature.
Quel manque de respect pour les autres, de bêcher ici!
Tant pis pour lui, ils allaient tout mettre en œuvre pour le faire partir…
Arnold le jardinier
dessin conte pour enfants
Arnold était un jeune homme qui avait choisi comme métier, de devenir
jardinier.
Il commença par s’acheter le tablier, les bottes en plastique et aussi un joli
chapeau de paille pour se protéger du soleil.
Puis, il investit dans des outils : un râteau, une bêche, des sécateurs et une
pioche.
Voilà, il était occupé ! Il ne lui manquait plus qu’un bout de terre pour y
faire ses cultures. Il en visita plusieurs, et, finalement, en choisit un,
joliment exposé, à dos d’une colline en pente douce, en surplomb d’une belle
rivière.
Arnold, comme un alpiniste parvenu au sommet d’une montagne, y planta son
enseigne, en l’occurrence, sa pioche.
-« Voilà, c’est là que je cultiverai mon potager ! » déclara-t-il
solennellement.
Mais c’était sans compter l’avis des habitants des lieux.
Car ce petit coin de paradis était régulièrement fréquenté par les animaux
sauvages, qui avaient fait de ce lieu, leur résidence privilégiée.
Alors, quand Arnold commença à creuser ses rangées de petits pois, des plaintes
se firent entendre :
-« Mais, qui c’est celui-là, qui nous saccage notre beau coin de verdure ? »
râla une pie qui venait souvent se faire bronzer dans l’herbe.
-« Il m’a ruiné mon tunnel ! » ronchonna une taupe, du nom de Bip.
-« Et notre doux tapis vert… Il est en train de tout enlever ! » geint un lapin.
Mais Arnold ne s’arrêta pas là. Il voulait aussi planter des carottes, des
poireaux, des pommes de terre pour faire la soupe, des salades et des tomates
pour préparer les entrées, et aussi des melons et des fraises pour le dessert.
Il bêcha tout l’espace, et bientôt, le jardin ressembla à un champ de bataille
avec plein de trous et de rangées creusées. Les animaux pleuraient leur petit
paradis perdu :
-« Il nous a tout détruit ! Quel massacre ! Cela ne ressemble plus à rien ! »
gémit une hirondelle.
-« Il faut l’arrêter ! Ce n’est pas possible autrement ! » dit un sanglier.
-« Oui, écoutez-moi, j’ai un plan ! » dit la tortue Mademoiselle Sage.
Et celle-ci communiqua à chacun des animaux ses missions. Tous se préparèrent et
attendirent le signal.
Arnold venait de partir, le soleil commença à se coucher, c’était le moment !
La tortue siffla et chacun se mit au travail. La taupe entreprit de reboucher
les trous, aidée des lapins qui remblayaient avec leurs pattes.
La pie vola les outils et les emmena plus loin, dans sa caverne aux trésors. Le
sanglier tassait la terre au fur et à mesure, avec ses sabots, pour qu’elle soit
bien à plat de nouveau.
Toute la nuit, il régna dans le potager une agitation inhabituelle. A l’aube,
tout était achevé !
Certes, tout était encore couleur terre, mais plus de trous horribles, plus de
rangées inesthétiques… Même la taupe Bip avait eu le temps de reconstruire son
tunnel !
Quand le jardinier revint, au matin, poursuivre son travail, il crut d’abord
qu’il s’était trompé de lieu.
-« Mais, mais, mais » se demanda-t-il, « me serais-je trompé de chemin ? »
Il regarda autour de lui. Mais non, cela semblait bien être par là, et la terre,
sa terre, on voyait bien qu’elle était fraîchement retournée. Que s’était-il
donc passé ?
Alors, il chercha ses outils pour recommencer ses trous. Mais il eut beau
fouiller partout, il ne les trouva pas… Ca alors, c’était incroyable ! Que
s’était-il donc passé cette nuit ? Il n’eut plus longtemps à s’interroger : un
vol d’hirondelles vint en rase-mottes au-dessus de sa tête et, arrivées juste à
hauteur, le bombardèrent de fientes jaunes et marrons. Un tir, deux, trois… le
pauvre Arnold devint méconnaissable : il était tapissé des saletés puantes qui
lui coulaient partout. Beurk !
Mais que sentait-il à ses pieds ? Une tortue qui lui mordillait les lacets ! Ca
alors, elle avait même réussi à les défaire ! Il se pencha en avant pour les
renouer, et se prit un coup de cornes dans les fesses par un sanglier farceur.
Bigre !
On dirait que les animaux s’étaient liés contre lui. Peut-être qu’ils ne
voulaient pas de lui à cet endroit ?
-« Pouce, s’il vous plaît ! C’est bon, j’ai compris ! Paix, je ne veux que la
paix ! »
Aussitôt, les animaux cessèrent leur manège et vinrent l’entourer :
-« Oui quoi ! Moi, ce qui m’intéresse, c’est seulement de réaliser un potager.
Je trouvais cet endroit très bien ! Je ne savais pas que vous l’occupiez ! »
Alors, les animaux le conduisirent un peu plus loin, dans un endroit plus
ombragé, mais sans habitants.
Là, ils lui restituèrent ses outils. Arnold comprit : il s’installerait là, et
créerait son jardin ici ! Après tout, ce n’était pas si mal !
Bientôt, le petit coin de paradis retrouva sa belle couleur verte, et les
animaux purent à nouveau s’y prélasser.
Arnold, quant à lui, récolta avec joie ses premiers légumes qu’il partagea,
devinez avec qui ?
Mais avec ses amis les animaux, bien sûr !
Créé le 23 janvier 2005 par Valérie Bonenfant
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