variations

Flamants roses

Deja se pou dire un bèu eop d'iue, quand avès, de Flamen, uno troupelado, en trin de batre lis estang dins lou vaste de la Camargo. Mai pièi, se s'aubouron, es un chale, ansin, qu'es pas de dire, quand vesès s'alarga e vireja, amount, sis alasso, que dardaion dins lou cIarun, coume de grossi flour voulanto.

Jousè d'ARBAUD (1874-1950)
La Souvagino

"Vitamen, zou, vitamen, regardo, cridè la Pichoto Auco, que Ii Flamen s'aboulegon".
Tant-Ièu, en batènt lis aigo, lis aucelas s'aubourèron e, en prenènt sa voulado, se boutèron à voula dins lou trelus. Fourmavon uno longo tiero que se gounflavo, s'estiravo, se fasié e se desfasié e, quand revoulunavon, sis alo rougejavon e lusissien coume Ii nivo à soulèu tremount. Lou Pichot Lapin n'en badavo.

Jousè d'ARBAUD (1874-1950)
Conte de la Pichoto Auco

Emai aguèsson siuen de s'escoundre, Ii becarut lis entendeguèron. Fuguè subran coume un incèndi sus l'aigo. Touti aquéli gràndis alo que batien en meme temps èron coume de flamo. Pièi s'ourdounèron dins lou cèu e l'inmènse triangle se meteguè à vira.
"Es de boni velo. Podon ana liuen. Mai Ii destourben plus".
E s'enanèron.

FARFANTELLO-Enrieto DIBON (1902-1989)
Ratis.

C'est déjà une belle chose que de contempler une troupe de flamants, en train de pâturer dans les eaux salées, en plein désert de Camargue. Mais, quand ils s'enlèvent, c'est un incomparable spectacle, de voir s'ouvrir et tournoyer en l'air leurs lourdes ailes, changeantes, dans la clarté, comme de grandes fleurs mouvantes.

Joseph d'ARBAUD
La Sauvagine (éd. Grasset)

«Vite, là, vite, regarde, cria la Petite Oie, les Flamants se mettent en mouvement».
Aussitôt, en fouettant les eaux, les grands oiseaux s'élevèrent et, en prenant leur essor, ils commencèrent à voler dans la lumière. Ils formaient une longue file qui s'élargissait. s'étirait, tantôt régulière, tantôt dispersée, et, quand ils tournoyaient, leurs ailes rougeoyaient et brillaient comme les nuages au soleil couchant.
Le Petit Lapin était stupéfait d'admiration.

Joseph d'ARBAUD
Contes de la Petite Oie

Bien qu'ils eussent pris soin de se dissimuler, les flamants s'aperçurent de leur présence. Ce fut comme un incendie à la surface des eaux. Toutes ces grandes ailes, s'agitant en même temps, étaient rouges comme des flammes. Puis ils s'ordonnèrent dans le ciel et l'immense triangle commença à décrire des cercles.
«Ce sont de bons voiliers. Ils peuvent aller loin. Mais ne les dérangeons plus». Et ils s'éloignèrent.

Henriette DIBON
Les Témoins (éd. Plon)