| | L'élevage, qui se pratique sur un mode extensif, est étroitement lié à
la vie camarguaise d'un point de vue économique. écologique et surtout culturel.
Camargue : Manade de taureaux et gardian
L'élevage, mené en manades gardées
par les gardians, est en pleine expansion depuis le XXe siècle, alors que le
cheptel des taureaux n'atteignait qu'un demi millier au XIXe siècle. Il doit sa
relance, au Second Empire, à l'impératrice Eugénie voulant développer un art
tauromachique national. A l'inverse, l'élevage ovin autrefois considérable a
nettement diminué. Quelques grandes bergeries subsistent et témoignant de la
place qui lui était accordée.
Un paradoxe marque l'élevage. Le
déséquilibre s'accroît entre l'augmentation des effectifs (plus de 10 000 têtes)
et la régression des surfaces pâturables, dues à l'extension des rizicultures et
des marais de chasse. Or, l'élevage extensif, seul possible sur les terrains peu
productifs du centre et sud de la Camargue, nécessite de grands espaces. Une
autre difficulté tient au statut des éleveurs, appelés manadiers*, qui sont
rarement propriétaires des terres et dépendent donc des locations consenties.
L'élevage extensif joue un rôle
déterminant dans le maintien de la biodiversité végétale. En effet, le pacage
influence considérablement l'évolution des zones non cultivées. Chevaux et
taureaux peuvent servir d'outil de gestion : grâce au pâturage, l'exploitant
peut favoriser tel ou tel type de milieu et donc la diversité animale et
végétale. Néanmoins, pour être efficace, des charges minimales et des périodes
appropriées doivent être respectées.
Le taureau de Camargue, appelé le
bioù, noir et de petite taille est l'élément essentiel de la culture locale.
La finalité de l'élevage du taureau, c'est la course camarguaise. Les opérations
particulières qui découlent de cet élevage sont devenues des spectacles qui
constituent un apport financier substantiel dans l'économie agricole. On élève
aussi, mais en moindre proportion, le taureau espagnol, nommé "brave", pour la
corrida.
L'élevage du cheval Camargue, appelé le
rosse, a évolué de manière particulière. De l'outil de production qu'il
était, pour les besoins agricoles et de conduite des troupeaux, il est
insensiblement devenu un produit touristique destiné à la promenade. Le cheval
de race Camargue dispose d'une forte image de marque et véhicule les traditions
de la culture camarguaise. Cet engouement a débouché sur la structuration de la
production par la création d'un livre généalogique de la race Camargue et d'une
association d'éleveurs.
L'augmentation des coûts de production
(affouragement hivernal, traitements sanitaires et clôtures) a conduit à une
forte tertiarisation de l'élevage.
Aussi l'élevage, tant celui du taureau que celui du cheval, dérive de plus en
plus vers une activité touristique procurant une manne financière très appréciée
des manadiers qui organisent des ferrades, des promenades équestres, des
journées camarguaises...
Chevaux de race Camargue avec hérons garde-boeufs
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